La campagne électorale dans la circonscription de Kairouan, qui connaît chaque jour un rythme croissant, se déroule dans de bonnes conditions sécuritaires, ce qui a favorisé les déplacements dans les zones rurales les plus éloignées. D'ailleurs, toutes les délégations ont connu une dynamique exceptionnelle à la faveur des activités multiples organisées par les différentes listes, surtout celles des partis déjà bien implantés. Dans les meetings, beaucoup de candidats se sont prononcés en faveur d'une assemblée bénéficiant d'une souveraineté totale, une Constituante à l'écoute des préoccupations des citoyens et qui tient compte des spécificités de la conjoncture actuelle dans le pays. Par ailleurs, dans les différents marchés et souks hebdomadaires, on croise des jeunes portant des tenues aux couleurs de leur parti et distribuant des communiqués électoraux. Scotchés à leurs portables, ils suivent à la lettre les consignes et les directives de leurs colistiers qui leur font part des dernières tactiques électorales. M. Jalel Jomaâ, maître d'application, nous confie dans ce contexte‑: «Il faut dire que beaucoup de listes ont préféré réserver leur stratégie d'intervention pour la toute dernière semaine car la durée de la campagne électorale est trop longue. En plus, beaucoup de candidats manquent d'expérience politique et de sympathisants. Certains ne savent même pas naviguer. Enfin, j'ai vu quelques têtes de liste incapables de citer tous les noms de leurs colistiers qu'ils ont dû recruter à la toute dernière minute. C'est quand même bizarre…». Par ailleurs, si dans la plupart des cas, la campagne se déroule normalement et avec un grand appétit démocratique, quelques infractions ont été relevées. Il s'agit surtout d'affiches électorales qui ont été déchirées et arrachées, notamment au niveau des lieux situés près des établissements éducatifs. En outre, certains partis n'ont pas hésité à afficher leurs manifestes électoraux dans des endroits qui ne leur sont pas réservés, et ce, malgré les avertissements de l'Irie. D'autre part, plusieurs listes se sont plaintes de l'insuffisance des ressources financières d'autant plus qu'elles n'ont reçu de subvention au titre de la campagne électorale que cinq jours après son démarrage. Par ailleurs, certaines listes indépendantes ne se sont pas encore manifestées, ni au niveau de l'affichage, ni au niveau des meetings. M. Ridha Oueslati, commerçant, nous dit dans ce contexte : «C'est comme si ces indépendants s'étaient présentés pour pouvoir bénéficier de l'argent alloué à cette campagne. D'autres servent de paravent aux nostalgiques du régime de Ben Ali. Personne ne peut oublier cela». Parmi les scènes anecdotiques qui ont amusé beaucoup de citoyens, nous avons relevé au niveau de l'affichage une candidate ayant préféré mettre à la place de sa photo, le monument du tapis ! Sur une autre affiche, nous avons remarqué la présence de 5 photos d'hommes candidats et de 4 ombres noires de femmes dont on n'a mentionné que les noms et les prénoms. C'est ce qui a fait dire à Nadia Rebhi, une jeune étudiante, que c'est la liste des «hazzaras‑!». D'un autre côté, on reproche aux différentes listes d'avoir choisi des logos qui se ressemblent beaucoup, ce qui sera difficile, le 23 octobre, pour les illettrés de faire la différence. Enfin, certains citoyens trouvent que la campagne électorale est submergée par un flot médiatique qui frôle l'overdose et par des discours démagogiques, du matin au soir‑: «Après tout, le 23 octobre, ce sont les électeurs qui décideront et non pas les sondeurs ou les généreux occasionnels. Donc, un seul mot d'ordre‑: l'optimisme quant à la démocratisation et à la modernisation de notre pays…», nous confie Wissem Yousfi, professeur de gestion. Notons que la circonscription de Kairouan a reçu les équipements logistiques des bureaux de vote, à savoir les 1.380 isoloirs et les 480 urnes.