La Cathédrale Saint-Louis (Acropolium de Carthage) a fait salle comble vendredi dernier, lors du récital donné par le jeune pianiste Herbert Schuch. Cet artiste qui nous vient d'Allemagne, nous a proposé pendant une heure et demie, une exécution des meilleurs morceaux de célèbres compositeurs qui ont marqué l'histoire de la musique classique et moderne, à l'instar de Franz Schubert, Franz Liszt et György Ligeti. Pendant la première partie de la soirée, le pianiste nous a enchantés avec la Sonate en La majeur D.664, interprétée en trois mouvements «Allegro moderato», «Andante» et «Allegro» du génial Autrichien Franz Schubert, connu surtout par son innovation dans la musique instrumentale du XIXe siècle, dont il était l'un des plus grands avant-gardistes. En 1819, il a créé cette sonate qui est une œuvre pour piano seul et qui traduisait une réelle histoire d'amour écrite en musique. Ce morceau a été brillamment interprété par notre pianiste, qui, alliant le rythme long à une tonalité grave, les nuances et les silences de son instrument, a su traduire la profondeur et le ton nostalgique de cette œuvre romantique. Les spectateurs ont été comblés ensuite, par l'interprétation à la fois dynamique et délicate de «11 pièces pour piano» (musica ricercata) de György Ligeti, un musicien contemporain d'origine roumano-hongroise, connu pour ses compositions électroniques. Ce changement de registre, d'une ère classique à une ère moderne, a mis l'assistance dans une ambiance plus actuelle, accentuée par les notes du piano qui devenaient de plus en plus énergiques, rythmées et saccadées. Il était évident que ces 11 pièces, composées entre 1953 et 1956, ont été influencées par le folklore hongrois. Le meilleur a été réservé à la fin, avec une lumineuse interprétation de la Sonate en Si mineur en trois mouvements «Lento assai», «Allegro energico» et «Grandioso», du grand compositeur révolutionnaire Franz List. Ce compositeur à la fois pianiste, chef d'orchestre et écrivain, a marqué son époque et fut l'une des figures emblématiques de la génération romantique. Et c'est à l'occasion de son bicentenaire (22 octobre), que notre pianiste a voulu lui rendre hommage, en consacrant toute la dernière partie à une de ses célèbres œuvres. Cette pièce, toute en ombres et lumières et qui dure une demi - heure a été talentueusement jouée, dans une précision rythmique et une belle homogénéité de son, qui ont traduit le brio et la virtuosité du pianiste. Un dernier morceau, hors programme, intitulé «Prélude» de Jean Sébastien Bach, nous a été offert par Herbert Schuch, à la fin de la soirée. «J'ai choisi ce morceau pour changer un peu d'ambiance d'une part, et parce que je trouve que cette somptueuse cathédrale est un formidable lieu pour l'interprétation d'un tel morceau, si grandiose», nous a avoué le pianiste, au terme du spectacle. Ce concert, chaleureusement salué par le public, nous a permis de découvrir le talent d'un jeune pianiste qui a su répondre à l'attente d'un public en quête de ce genre de musique, surtout quand elle est exécutée comme l'a fait Herbert Schuch.