«Les élections de l'Assemblée constituante se sont déroulées dans leur ensemble dans un cadre de liberté, de transparence, d'impartialité totale de la part du gouvernement, de l'Isie et des forces de sécurité intérieure qui ont fait montre d'une neutralité extrême au point qu'elles s'empêchaient d'intervenir dans des situations où elles devaient le faire afin de faire face aux irrégularités et aux dépassements qui menaçaient de ternir l'image de l'opération électorale du dimanche 23 octobre 2011». C'est là la principale conclusion contenue dans le rapport préliminaire exposé, hier, à la presse par les membres du Groupe arabe d'observation de l'élection de la Constituante, pilotés par le Centre Kawakbi pour la transition démocratique. Les signataires du rapport soulignent que la journée du 23 octobre 2011 «a constitué une journée historique pour la Tunisie et pour l'ensemble des pays arabes qui l'ont suivie avec un grand intérêt. L'Instance supérieure indépendante pour les élections et les différentes instances régionales ainsi que les responsables des bureaux de vote ont mis à la disposition des électeurs tous les moyens logistiques et humains à même de leur faciliter l'opération de vote». Malheureusement, les observateurs du groupe arabe relèvent que l'Isie n'avait pas les mécanismes et les possibilités qui lui permettaient de faire face aux irrégularités et aux dépassements qui se sont produits dans les alentours des bureaux de vote. «Idem, soulignent-ils toujours, pour le manque d'expérience des responsables des bureaux de vote dont certains n'ont pas manqué (à Kairouan à titre d'exemple) de procéder au dépouillement à deux reprises. Il en est de même pour le haut taux d'analphabétisme dans certaines régions du pays, ce qui a influé, dans une large mesure, sur le vote des électeurs qui n'ont pas réussi à découvrir les secrets du bulletin de vote». Ils soulèvent, encore, certaines remarques sur l'impartialité de certains présidents de bureau de vote, sur l'encombrement de ces mêmes bureaux (plus de 800 électeurs inscrits dans la plupart des bureaux de vote), ce qui a privé plusieurs citoyens d'accomplir leur devoir électoral, du fait des files interminables des votants jusqu'à le clôture du scrutin. D'autres irrégularités sont signalées par les membres du Groupe d'observation: l'introduction du téléphone portable dans l'isoloir, contrairement à la décision de l'Isie, et l'intervention de l'un des présidents de bureau de vote (à Agareb) pour inciter les électeurs à voter pour un parti politique déterminé. Recommandations pour l'avenir Le rapport préliminaire du groupe arabe d'observation de l'élection de la Constituante propose nombre de recommandations appelant à : – Mettre en œuvre une législation ferme pour empêcher la propagande politique près des bureaux de vote. – Mener des campagnes de sensibilisation et d'information au profit des électeurs pour qu'ils soient au fait de toutes les procédures relatives à l'opération électorale. – Transformer l'Instance supérieure indépendante pour les élections en une instance permanente. – Renforcer les aptitudes des parties à participer au contrôle des élections. – Dynamiser le rôle des composantes de la société civile en matière de contrôle des élections et d'encouragement des citoyens à la participation. – Faire en sorte que le nombre des électeurs ne dépasse pas 600 dans chaque bureau de vote afin de faciliter l'opération de vote. Les membres du groupe n'ont pas manqué de préciser que les irrégularités relevées ne peuvent «en aucune manière influer sur les résultats de l'opération de vote dans la mesure où les élections se sont déroulées, dans leur ensemble, conformément aux standards internationaux».