De notre envoyé spécial à Casablanca Walid NALOUTI Ils ont failli en venir aux mains... Joueurs et supporters ont manqué de bon sens et de fair-play Le fair-play n'est toujours pas d'actualité. Dimanche soir, la fête a failli être gâchée sur les gradins du stade Mohamed V. Pourtant, il n'y avait pas de raison pour que les nerfs lâchent. La prestation de l'arbitre camerounais Alioum Neant a été correcte. Et même si tout supporter souhaite naturellement la victoire de son équipe, rien n'explique le recours à la violence. Rien ne justifie la violence d'autant qu'Espérantistes et Wydadis nous ont offert un football de belle facture, digne d'une finale de la Ligue des champions. De plus, les Marocains sont connus pour être de bons hôtes. Tout au long de notre séjour à Casablanca, ils nous abordaient avec beaucoup de respect. On voyait dans leurs yeux de l'estime pour ce que nous avons fait un certain 14 janvier. « Le peuple tunisien a bien fait de dégager Ben Ali et sa famille. Les Tunisiens sont courageux contrairement aux idées reçues. », nous lance un chauffeur de taxi sur le chemin menant à Dar Bouazza, où avaient résidé les « Sang et Or » pendant leur séjour casablancais. Et à vrai dire, on n'avait pas l'impression, jusqu'à dimanche matin, que la ville de Casa allait abriter une finale de la Ligue des champions. Les gens étaient plutôt préoccupés par les préparatifs de la fête de l'Aîd et ne parlaient que du prix élevé du mouton. Youyous et provocations... L'ambiance d'un match de football a commencé à prendre forme dimanche après-midi. Devant les portes des hôtels avoisinant la fameuse place de Bab Marrakech, les supporters espérantistes s'apprêtant à aller au stade ne se faisaient pas discrets. Les supporters wydadis non plus. Et c'est parti avec de petites provocations sur le chemin menant au stade. L'annecdote est qu'au milieu d'un échange entre les supporters des deux équipes devant un hôtel situé au bord du port de Casa, une vieille dame est passée lançant des youyous, criant à la gloire du Wydad. Jeunes filles kamikazes On a l'habitude de ce genre d'ambiance entre supporters. Par contre, nous avons assisté à une étrange scène de la tribune de presse. Au coup de sifflet final et après la violence qui a failli se propager entre les joueurs, l'ambiance, déjà électrique, a dégénéré sur les gradins. Les bouteilles et canettes fusaient. Et comme la tribune de presse a été envahie par des intrus (ça ne se passe pas uniquement chez nous), les journalistes étaient au beau milieu du ‘‘champ de tir''. Il y avait même des filles « kamikazes » dont l'une d'elles a failli être interpellée par les forces de l'ordre avant que des supporters ne persuadent l'agent de la relâcher. Il a fallu tout le bon sens et l'énergie des policiers pour éviter que les supporters n'en viennent aux mains. Dans un stade archicomble où il n'y avait pas moins de 60 000 spectateurs, le pire a été évité. Les forces de l'ordre marocaines se sont démenées pour assurer la sécurité des supporters espérantistes et des journalistes qui ont pu accéder à la zone mixte. Cela dit, les supporters des deux équipes doivent méditer à propos de leur comportement. Le football est un sport fédérateur de valeurs nobles, notamment la tolérance et le fair-play.