• L'Isie est appelée à publier les résultats définitifs dans les plus brefs délais Coup de théâtre, hier, à la petite salle d'audience du Tribunal administratif, sis à Montplaisir. Il était 12h00 pile quand la présidente d'audience a commencé à prononcer les jugements rendus à la suite des recours introduits par les partis politiques s'estimant lésés à la suite de l'annonce des résultats des élections de l'Assemblée nationale constituante qui se sont déroulées dimanche 23 octobre 2011. Et la Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement de créer de nouveau la surprise : les sept sièges qui lui ont été retirés par l'Isie lui reviennent de droit, sur ordre du Tribunal administratif, une décision définitive qui permet à la Pétition de compter 26 sièges à l'Assemblée constituante et de se positionner à la 3e place parmi les forces politiques nationales, derrière Ennahdha et le Congrès pour la République. Ainsi, la Pétition populaire recouvre-t-elle les sièges (7) qu'elle a obtenus dans les circonscriptions suivantes : Sidi Bouzid, Sfax, Jendouba, Kasserine et Tataouine. «Pour ce qui est du siège perdu par la Pétition à Paris, il n'a pas été récupéré par la liste gagnante (la Pétition) qui n'a pas introduit de recours à la suite de la décision de l'Isie. Cette dernière est tenue de faire publier, dans les plus brefs délais, les résultats définitifs des élections en prenant en compte les décisions rendues par le Tribunal administratif», souligne M. Riadh Rekik, juge au même tribunal. Dix autres recours ont été rejetés par le même tribunal au cours de l'audience d'hier pour diverses raisons (accusation non établie, refus pour non-spécialisation du tribunal, etc.). Parmi les demandes rejetées, on peut citer celles introduites par Mustapha Ben Jaâfar (Ettakatol), par Ayoub Ghedamsi (liste indépendante «Si le peuple s'attache à la vie»), par le Parti des forces du 14 janvier 2011, par la liste «El Badhil Thawri», à Sidi Bouzid, par la liste «El Karama et autres listes. Nous tendons toujours la main à nos partenaires Comment les candidats de la Pétition qui ont récupéré leurs sièges ont-ils réagi au jugement rendu par le Tribunal administratif et quelles sont les relations qu'ils comptent entretenir avec les autres forces élues au sein de l'Assemblée constituante, notamment le Mouvement Ennahdha qui a déjà refusé leur proposition de coalition ? Mohamed Hamdi, tête de liste de la Pétition populaire à Sidi Bouzid, se félicite «de la décision courageuse exprimée par le Tribunal administratif qui nous a rendu justice. Nous avons ressenti une grande injustice de la part de l'Isie puisque nous estimons que nous avons évolué dans le respect de la loi et la transparence. Les dépenses que nous avons consenties n'ont pas dépassé le plafond autorisé. Aujourd'hui que nous avons récupéré nos sièges à la Constituante, nous proclamons que nous sommes déterminés à travailler, de concert avec les autres formations politiques, en vue de réaliser, ensemble, les objectifs de la révolution du 14 janvier 2011». Pour Me Skander Bouallagui, tête de liste de la Pétition populaire à Sousse, élu membre de la Constituante et secrétaire général du Parti des conservateurs progressistes (ayant reçu son visa le 15 juillet dernier), il ne «s'agit pas pour nous, à l'heure actuelle, de nouer des alliances ou de nous positionner dans les rangs de l'opposition. Notre objectif principal est de faire réussir l'expérience démocratique. Bien que beaucoup refusent de traiter avec nous pour des raisons inexplicables, nous tendons la main à ceux qui veulent négocier avec nous, sur la base des six points principaux que comporte notre programme». Venu témoigner sa solidarité avec les candidats de la Pétition dont l'élection a été invalidée par l'Isie et auquel le Tribunal administratif offre l'opportunité de siéger au sein de la Constituante et de participer à l'élaboration de la nouvelle Constitution, Me Bouallagui souligne que la Pétition tablait au départ sur 50 sièges. «Nous appelons aujourd'hui à la formation d'un gouvernement de coalition nationale auquel nous sommes disposés à participer en tant que jeune formation politique naissante qui a affirmé son existence et sa présence sur le terrain». Quant à Me Ahmed H'dhiri dont les plaidoiries ont permis à la pétition de se réapproprier ses sièges perdus, il classifie la révolution en trois étapes. «D'abord, le 14 janvier 2011 et c'est l'étape des déshérités, les privés de la parole et les dépossédés de la dignité. Ensuite, le 23 octobre 2011 et c'est l'étape de la réconciliation. Enfin, le 8 novembre 2011 et c'est l'étape de l'équité, de la justice et du triomphe de la voix de la justice grâce à une décision judiciaire courageuse rendue par un tribunal qui a fait preuve d'une audace et d'une indépendance que je n'ai pas eu l'occasion de connaître en 30 ans de ma vie passées dans les différents tribunaux de la Tunisie». Il est à préciser que le Tribunal administratif a statué sur 104 demandes de recours. Il a déclaré six demandes formulées par la Pétition recevables (7 sièges) et a validé une demande introduite par Ennahdha lui permettant d'enlever un siège de plus à Médenine.