• Plus de 70% des prisonnières souffrent de dépression Le ministère des Affaires de la femme et le ministère de la Justice et des Droits de l'Homme sont convenus, hier, par la signature d'un accord entre MM. Ahmed Mesbeh et Faouzi Aloui, respectivement directeur général des intérêts des services communs auprès du ministère des Affaires de la femme et directeur général des prisons et de la rééducation auprès du ministère de la Justice, d'un accord sur l'encadrement et la prévention de la récidive chez des femmes prisonnières et leur insertion dans la vie active. Depuis la révolution, le ministère de la Femme s'est penché sur la question des femmes prisonnières: un intérêt qui se traduit, entre autres, par la visite de Mme Lilia Laâbidi, ministre chargée des Affaires de la femme, à la prison des femmes de La Manouba, mais aussi par l'organisation de plusieurs manifestations mettant en valeur la souffrance et le savoir-faire de ces femmes. On note, à titre indicatif, l'exposition des créations concoctées par ces femmes et qui a eu lieu du 22 au 25 août 2011 au siège du Crédif. Le ministère de la Femme a également mené une étude sur cette catégorie sociale à besoins spécifiques, ce qui a permis de constater la souffrance psychologique des prisonnières. En effet, 48% d'entre elles ont commis des délits à cause de l'absence du sentiment de responsabilité. L'étude montre également que plus de 70% d'entre elles souffrent de dépression. Prenant la parole, M. Faouzi Aloui a insisté sur la situation psychologique des prisonnières, notamment les mères de famille. Il a ainsi explicité l'engagement de la direction des prisons et de la rééducation en vue de l'encadrement désormais accru de ces femmes tant dans le milieu carcéral qu'après la période d'incarcération, et ce, afin de les préparer à la réinsertion dans la dynamique socioéconomique. Pour sa part, Mme Zeïneb Mrabet, directrice de la prison de La Manouba, a salué cette initiative. Elle n'a pas manqué, toutefois, d'insister sur un point fondamental qui fait défaut aux articles de la convention, à savoir la situation des enfants des prisonnières. Mme Lilia Laâbidi a saisi l'occasion pour évoquer la situation, encore plus compliquée, des prisonnières politiques. Ces dernières se trouvent le plus souvent privées d'une réinsertion professionnelle à même de leur assurer une source de revenu et une vie digne. Le témoignage d'une ex-détenue politique sur les cinq ans passés en sursis et la difficulté de rejoindre la fonction publique en disent long sur l'avenir incertain des prisonnières. Ateliers de créations artistiques, formations sur l'investissement et suivi psycho-social La convention entre le ministère des Affaires de la femme et le ministère de la Justice vise essentiellement à encadrer les prisonnières et à prévenir les risques de récidive, et ce, grâce à l'aspect complémentaire des prestations assurées par les deux parties. Des prestations qui dépassent les murs de la prison pour s'étendre au suivi post-carcéral et toucher les familles des prisonnières. Les deux parties s'engagent, en effet, à améliorer les prestations au sein de la prison et à promouvoir l'encadrement psychologique et matériel susceptible de faciliter la réinsertion socioéconomique. Pour y parvenir, il convient de veiller à la réalisation du programme de formation des prisonnières, à la promotion de la collaboration avec la société civile afin d'assurer un meilleur suivi. Les deux ministères élaboreront un plan d'action dans l'optique d'aider les ex-détenues à réintégrer la vie professionnelle. Cet accord engage les deux ministères à intervenir, chacun dans le domaine qu'il maîtrise le mieux. Aussi, le ministère des Affaires de la femme s'engage-t-il à apporter aux prisonnières une oreille attentive et à aider par l'orientation dont elles ont besoin, tant sur le plan psychologique, social que relationnel. Il se traduira également à travers l'organisation de divers ateliers de loisirs afin de promouvoir les capacités créatives des femmes et de créer un climat favorable à leur bien-être. D'autant que les créations seront exposées. Pour ce qui est des prisonnières qui s'apprêtent à être remises en liberté, elles bénéficieront de formations sur l'investissement et la création de petits projets. Le ministère contribue, également, au suivi post-carcéral. De son côté, le ministère de la Justice s'engage en matière de mise en place de divers programmes susceptibles d'aider les ex-détenues à monter leurs projets et à gagner dignement leur vie. Il veillera à la facilitation du travail des équipes relevant du ministère-partenaire et mettra à la disposition des prisonnières le matériel nécessaire pour les ateliers de loisirs. Le ministère de la Justice s'engage, en outre, à simplifier les procédures relatives aux recherches sur la femme prisonnière. Il y a lieu de noter qu'un comité regroupant aussi bien les représentants de l'administration générale des affaires de la femme et de la famille que les représentants de l'administration générale des prisons et de la rééducation veillera à la réalisation et au suivi des programmes, notamment dans le cadre de réunions trimestrielles.