«Cette affaire est une affaire politique et je vois en ce jour la mort réelle de la liberté d'expression en Tunisie», a déclaré le directeur général de la chaîne de télévision privée tunisienne Nessma TV avant d'entrer à la salle d'audience du Tribunal de première instance de Tunis où il a comparu en compagnie de deux de ses employés dans l'affaire dite Persépolis, relative à la projection, le 7 octobre dernier, du film d'animation de la réalisatrice iranienne Marjane Satrapi. Le Tribunal de première instance de Tunis connaît depuis ce matin un grand rassemblement de médias tunisiens et étrangers ainsi que d'un grand nombre de citoyens et la chaîne Nessma TV assure en direct la couverture de cette affaire. Accusé «d'atteinte aux valeurs sacrées», M. Nabil Karoui, directeur de la chaîne , avait été la cible d'«attaques intenses» et de «critiques virulentes», sur le réseau social «Facebook», et avait présenté le 11 octobre ses excuses au peuple tunisien pour la diffusion de la séquence controversée du film Persépolis. Il avait tenu à préciser qu'il n'avait aucune intention de nuire aux musulmans à travers la projection de ce film. Le 12 octobre, Nabil Karoui avait comparu une première fois devant le procureur adjoint de la République chargé de la presse et de l'information, au Tribunal de première instance de Tunis, pour audition au sujet de l'enquête ouverte à la demande d'un certain nombre d'avocats et de citoyens concernant la diffusion par cette chaîne du film Persépolis, jugé blasphématoire à l'égard de l'Islam.