La campagne de cueillette des olives a démarré officiellement le 10 novembre dans toutes les régions de Sfax. Les prévisions de cette année sont de 161.000 tonnes d'olives, ce qui équivaut à 36.000 tonnes d'huile. Pour cette saison, le secteur oléicole va créer 18 mille emplois sur une durée de 100 jours. Dans un contexte d'incertitude et de doute, la cueillette des olives se fait lentement et prudemment. Quelques huileries seulement sont ouvertes. La scène habituelle des queues de camionnettes chargées des caisses d'olives qui attendent devant les huileries est absente. Une dizaine d'unités de transformation sont fermées. D'autres n'ont pas encore achevé les travaux d'entretien des locaux et du matériel. Cette année, on prévoit l'ouverture de 200 huileries sur les 400 que compte la région. On estime que ces unités vont permettre de produire 200.000m3 de margine, ce qui équivaut à la capacité de stockage des dépôts d'Agareb et de Menzel Chaker. La vraie campagne de cueillette n'a pas encore commencé. Pendant cette période de l'année, les oliveraies se transforment en niches d'abeilles. Des ouvriers saisonniers s'installent dans des tentes pendant la saison de la cueillette. Cette image est manquante. Seulement, une dizaine de petits producteurs ont déjà débuté la cueillette. Les agriculteurs ne sont pas optimistes à l'égard des prix actuels de vente. Tous attendent une hausse des prix. Selon M. Salah Saâdaoui, un intermédiaire: «La fourchette des prix varie entre 350 et 800 millimes. Le coût de la production est assez élevé par rapport aux prix actuels de vente. Dans ces conditions, les revenus ne vont pas couvrir les dépenses. Les agriculteurs attendent une amélioration des prix. Pour ces raisons, la cueillette des olives ne bat pas son plein à Sfax, véritable Bourse de l'oléiculture en Tunisie». Côté industriels, les propriétaires de l'huilerie refusent de travailler en l'absence d'une tarification de l'huile. Les choses ne sont pas encore claires. Seulement des rumeurs, le prix de vente de l'huile d'olive à l'exportation n'a pas été encore déterminé par l'Etat. Dans ces conditions douteuses, la majorité des propriétaires des huileries refusent d'acheter les olives des agriculteurs. «Chaque année, au début de la saison de la cueillette, les mêmes problèmes se posent. Comme industriel, je ne peux pas accepter de travailler sans connaître le prix de vente de l'huile d'olive. Si le coût de production d'un litre d'huile atteint 3.5 dinars et l'exportateur ne veut acheter qu'à 2.5 dinars, qui va couvrir la différence ? Pour ces raisons, l'Etat doit réagir vite et fixer le prix de l'huile d'olive pour qu'on puisse travailler», souligne un propriétaire d'une unité de transformation à Gremda. Notons que la saison précédente, les prix de l'huile d'olive ont varié entre 3,8 et 4,5 dinars. Pour cette saison, le prix de la cueillette des olives a été déterminé. Il est de l'ordre de 40 dinars le « kfiz», soit à peu près 100 millimes le kilo. Sachant que les ouvriers sont payés au kfiz et non pas à la journée. Selon un communiqué, le prix d'un kilo d'olives broyées varie entre 68 et 82 millimes. Un autre aspect de la récolte des olives est manquant. L'achat sur pied de la récolte n'a pas trouvé sa dynamique habituelle à cause des craintes de vols, puisque les oliveraies des grandes régions de production, notamment Jbeniana, El Amra, Hincha et Menzel Chaker, ont été volées. De grandes quantités d'olives ont été saisies dans les marchés. Rappelons que la culture des olives joue un rôle économique et social très important dans la région sfaxienne qui compte six millions de pieds répartis essentiellement sur les petites et moyennes exploitations. D'autre part, Sfax possède 400 huileries sur un total de 1.750 unités de transformation dans les pays.