•Contrairement aux petits porteurs, les gros investisseurs orchestrent les achats et les ventes des titres pour porter les cours à un niveau ciblé, fortement rentable. •Des facteurs religieux et psychologiques dissuadent les investisseurs à opérer sur le marché boursier Loin des analyses financières et des recommandations des intermédiaires en Bourse, les petits épargnants développent des comportements incontrôlables et généralement incompréhensibles. Certes, à chacun son budget, ses informations et ses prévisions, mais le phénomène de l'effet de troupeau se manifeste fréquemment. «Avec un comportement moutonnier, les petits porteurs achètent des titres sans vraiment savoir quand vendre», précise Mme Dalenda Beyou, directeur général de BNA Capitaux. Cette situation est une aubaine pour les gros porteurs. Ils orchestrent les achats et les ventes des titres pour porter les cours à un niveau ciblé, fortement rentable. Puis, au prix objectif, la vente massive des actions détenues permet de générer les bénéfices prévus. Cette vente engendre une chute libre du titre en question et c'est le portefeuille du petit épargnant qui subit une dépréciation douloureuse. Et, probablement, une sortie sans retour à la Bourse. Face à cette situation, les petits investisseurs, démunis des connaissances et des techniques nécessaires, courent un risque démesuré. «Le rôle de l'intermédiaire est de conseiller ses clients pour éviter de tomber sur une valeur douteuse, soit un cadeau empoisonné», ajoute-t-elle. Mais, enfin, c'est le client qui décide d'acheter ou de vendre. Il convient de préciser que ces petits épargnants se divisent en deux groupes. Le premier, amateur du risque, recherche un bénéfice immédiat. «Pour ces clients, les fondamentaux passent en arrière-plan», précise l'intermédiaire. D'ailleurs, ils suivent les tendances au jour le jour et tentent de vendre et d'acheter au meilleur prix. Ces «joueurs » sont les plus actifs sur le marché. Le deuxième est formé par les investisseurs avertis. «Ils achètent l'avenir de la société», qualifie le responsable. En effet, avant d'acheter un titre, ils recherchent les informations pertinentes, analysent la conjoncture, diagnostiquent les entreprises... Ces placements, relativement sûrs, sont les plus rentables à long terme. Un nécessaire effort de vulgarisation Mais ni la motivation du premier groupe ni du deuxième ne semblent convaincre les détenteurs des comptes épargne à investir en Bourse. S'attardant sur les obstacles, le responsable énumère un facteur religieux et un autre psychologique. «Les opérations de Bourse ne sont pas illicites», insiste le responsable. Et d'ajouter: «Plusieurs Cheikhs éminents ont expliqué que le domaine est assimilé au commerce ». Le deuxième frein, psychologique, accable les investisseurs et alimente leur aversion au risque. En effet, plusieurs demandent aux intermédiaires des investissements porteurs tout en conservant leur valeur nominale. Ce qui n'est pas le cas sur la place financière. Le DG relève : «Pour minimiser les risques, ils optent, alors, pour d'autres produits, à savoir les Sicav ou bien investissent à travers les Fonds Communs de Placement (FCP)». Pour créer une dynamique d'investissement, les intermédiaires déploient des efforts notables pour vulgariser tous les aspects et le fonctionnement du marché boursier. «On a élaboré maintes études et divulgué de multiples communications au profit des investisseurs», note-t-elle.