• Le gain de combustible sur la durée de vie du projet, estimée à 25 ans, est de l'ordre de 184 tep, soit l'équivalent de 400 tonnes de CO2 évitées. • La maturité technologique et économique des équipements offre des alternatives intéressantes aux technologies conventionnelles. • Le taux d'ensoleillement de la Tunisie avoisine 3 mille heures par an. On n'a pas de pétrole mais on a du soleil et des idées ! Certes, ça peut paraître hâtif, banal et vide de sens, mais sur la carte de l'ensoleillement, la Tunisie se place parmi les foyers solaires susceptibles de produire et d'exporter une énergie «verte». En revanche, jusque-là, le pays souffre d'une grave dépendance énergétique. En effet, le poids des hydrocarbures continue à peser lourd aussi bien sur la balance de paiement du pays que sur les budgets des entreprises et des ménages. Malgré les programmes, les subventions et les efforts déployés, la contribution des énergies renouvelables dans le bilan énergétique reste encore peu significative. Elles représentent aujourd'hui moins de 1% de la consommation d'énergie primaire. Pourtant, la maturité technologique et économique des équipements offre des alternatives intéressantes aux technologies conventionnelles. A l'heure actuelle, les entreprises tunisiennes exploitent faiblement le gisement solaire. Ce qui se traduit par des factures énergétiques salées et des émissions polluantes. D'où, des produits coûteux, peu compétitifs à l'export, et ne respectant pas les normes écologiques, fortement exigés par les consommateurs des marchés extérieurs. A cet égard, le soleil qui a constitué le fer de lance du secteur touristique, qui fut le pilier de l'économie tunisienne durant de longues décennies, pourrait-il fournir assez d'énergie verte capable de doper la compétitivité des entreprises et stimuler encore une fois la croissance économique du pays. Dans cette perspective, le projet pilote de la Steg vise à produire de l'énergie verte pour les besoins de l'agence commerciale du siège à Tunis et constitue un champ d'apprentissage et de maîtrise des techniques. Reportage. Sur la toiture de l'agence commerciale de la Steg, s'étale le plus grand toit solaire raccordé au réseau électrique du pays. Les 96 panneaux photovoltaïques, aménagées en six rangées, produisent 22 kilowatt crête (KWc). Ce qui permet, techniquement, de satisfaire les besoins d'éclairage, de climatisation et de fonctionnement de l'agence. Toutefois, le rendement de l'installation est tributaire des conditions météorologiques, des saisons et de l'ensoleillement au fil des heures du jour. «Si les besoins dépassent la production de l'installation, le déficit est comblé par le courant du réseau (classique), et dans l'autre cas, de surproduction, le surplus sera injecté au réseau», explique M. Abdeljelil Ibrahim, ingénieur à la direction des études et de la planification. A 10h40, sous un beau soleil réchauffant, les panneaux ne sont pas en mesure de capter suffisamment de soleil pour produire l'électricité nécessaire à l'agence. «C'est de midi à 13h00 qu'on atteint l'apogée de production», précise l'ingénieur. A proximité, toute une installation de capteurs est mise en place pour mesurer les conditions de l'ambiance extérieure. Tout est relié à un «datalogger» permettant de contrôler et de transmettre les données techniques vers les écrans d'affichage et le site web de la Steg. Les équipes de la Steg mènent des études sur l'impact des paramètres climatiques sur la production de l'électricité. A 11h30, chaque onduleur affiche une production de 2,5 kwc et se rapproche progressivement du maximum de production estimé à 3,3kwc. Aujourd'hui les conditions sont bonnes. Probablement, l'agence fonctionnera avec une facture nulle. «Les calculs se font sur l'année, et les 30Mwh/an productibles sont suffisantes pour assurer le fonctionnement de l'agence», ajoute le responsable. A en croire les fiches techniques et les dires de l'expert, l'agence n'aura pas de facture à payer. Etant une agence de la Steg cela peut paraître insignifiant, puisque, réellement, elle ne risque pas une coupure d'électricité en cas de défaut de paiement. Mais je vous laisse le soin de compter les gains sur les factures d'électricité pour une usine, un hôtel ou une administration. Outre le gain financier, ce projet photovoltaïque a, également, une valeur ajoutée environnementale. Il permet d'éviter l'émission de gaz à effet de serre (GES). Le responsable relève : «Le gain de combustible sur la durée de vie du projet, estimée à 25 ans, est de l'ordre de 184 tep, soit l'équivalent de 400 tonnes de CO2 évitées». Cette installation servira comme projet de démonstration aux clients de la Steg et sera utilisée pour la formation et la dissémination de cette application solaire. L'ingénieur ajoute «En plus de la formation du personnel de la société, notamment chargé de la réception des installations réalisées par les opérateurs privés, deux projets de fin d'études ont porté sur l'installation». On apprend que ce projet pilote sera développé in extenso sur plusieurs toits des autres agences de la Steg. Toutefois, des difficultés peuvent entraver ce plan, à savoir la non-propriété de quelques locaux, l'exiguïté des toitures des petites agences... La Steg a donné l'exemple, la technologie est de plus en plus accessible et les compétences sont davantage disponibles, que reste-t-il pour que la filière photovoltaïque décolle de plus belle.