SANAA (Reuters) — La première réunion, hier, du nouveau gouvernement d'union nationale yéménite chargé d'assurer une transition pacifique en vue du départ effectif du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh a été assombrie hier par des affrontements qui ont fait une dizaine de morts à Sanaâ et dans le Sud. Dans la province méridionale d'Abyan, onze opposants et deux militaires ont péri lors d'affrontements tandis qu'un autre soldat a été tué lors de combats dans la nuit entre partisans et adversaires du chef de l'Etat dans la capitale. Selon l'agence de presse officielle, le vice-président Abd-Rabbu Mansour Hadi, à qui Saleh a transféré ses pouvoirs en vertu d'un accord conclu sous l'égide des pays du Golfe, a présidé la réunion du nouveau gouvernement. Hadi a invité ses ministres, dont certains appartiennent à l'opposition, à contribuer à stabiliser le pays après dix mois de violences contre le régime de Saleh, au pouvoir depuis 33 ans. «Chacun au Yémen attend de vous que vous vous concentriez sur les grandes tâches assignées à ce gouvernement et que vous vous teniez à l'écart de questions susceptibles de semer la discorde», a-t-il dit. Le vice-président a également présidé la première réunion d'une commission militaire chargée de superviser l'armée dans le cadre du plan de transition. Les violences se sont poursuivies dans le pays malgré le plan de transition négocié par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour faciliter le départ du président et mettre fin à des mois de manifestations qui ont paralysé le pays en le plaçant au bord de la guerre civile. Après dix mois de manifestations de masse contre Saleh, l'Arabie Saoudite redoute comme les Etats-Unis de voir le chaos s'aggraver et la branche régionale d'Al Qaïda s'enhardir au Yémen, malgré les opérations que l'armée américaine a déclenchées par drones interposés contre le mouvement islamiste. Un soldat yéménite a été tué avant-hier soir lors de combats dans les rues de Sanaâ entre l'armée et les opposants à Saleh, a annoncé le ministère de la Défense. Ces violences se sont déroulées non loin de bâtiments gouvernementaux et du camp de Sadeq al Ahmar, un adversaire de Saleh disposant de forces conséquentes. Le ministère yéménite de la Défense accuse sur son site internet les hommes d'Ahmar d'avoir lancé une attaque dans le quartier d'Hasaba dans le but de «compromettre les efforts visant à ramener la sécurité et la stabilité dans la capitale et d'autres secteurs». L'opposition a réagi en accusant la Garde républicaine, commandée par un des fils de Saleh, d'avoir rompu la trêve en tirant hier des salves d'artillerie sur les quartiers nord de la capitale, faisant au moins un blessé. Avant-hier à Taëz, capitale économique du Yémen, une source gouvernementale indiquait que l'armée et les combattants de l'opposition se retiraient de la ville. Un comité créé pour superviser le retour à la normale à Taëz s'emploie à démanteler les barrages routiers érigés par les opposants comme par les loyalistes ainsi qu'à contrôler leur retrait des bâtiments occupés, a ajouté cette source. Les combats ont fait plusieurs dizaines de morts à Taëz depuis que Saleh a signé le mois dernier un accord prévoyant son départ après 33 ans à la tête du pays.