Le public passionné de l'art de l'opéra et de la danse est venu nombreux, samedi dernier, pour assister au Théâtre municipal à la soirée tuniso-italienne qui avait pour titre «Grand Gala» et qui célébrait et la révolution tunisienne et 150e anniversaire de l'unité de l'Italie. La première partie de la soirée a été consacrée à la prestation du maestro Sergio La Stella, qui nous a interprété, pendant un moment, les meilleures compositions de Nino Rota et de Frédéric Chopin. Le musicien débuta son concert avec un morceau intitulé «Portrait de Sylver». Une exécution tout en finesse par notre pianiste, qui alliait les notes graves aux notes aiguës, marquait les nuances et les silences, nous traduisant la profondeur et le côté nostalgique de cette œuvre romantique. L'artiste enchaîna avec d'autres morceaux du même Chopin, comblant les puristes par les exquises pièces «Etude révolutionnaire op 10 n°2», «Tableau romain», «La valse d'adieu», interprétés délicatement, avant de clore sa prestation par «Gymnopédie», un morceau se caractérisant par un rythme rapide et fort, par lequel il a voulu rendre hommage au compositeur français Eric Satie, à l'occasion de son centenaire. La seconde partie de la soirée a enregistré la brillante performance de la jeune soprano tunisienne Henda Ben Chaâbane, qui nous a conquis par sa merveilleuse reprise d'airs d'opéra de Puccini et de Verdi. Accompagnée au piano par Bassam Makni, elle a enchanté l'ouïe de l'auditoire par sa voix qui en dit long sur ses larges dispositions, surtout lors de l'interprétation de «Vissi d'arte, la Tosca» et «Bolero di Elena» qui chantent l'amour et la douleur. Lui succéda le ténor Hassan Doss qui, soutenu par les notes douces du piano, a été dans la rigueur et la justesse, en nous offrant «l'Aria di Alfredo» (la Traviata) et «l'Aria di Calaf» (Turandot). Le trio nous a proposé, à la fin de la deuxième partie, un morceau hors programme, reflétant l'élan festif et la joie de vivre. Complice et dans une symbiose parfaite, le trio tunisien nous agratifiés de «Brindisi Traviata», confirmant la maîtrise tranquille de l'excellent pianiste et le talent incontestable du duo vocal qui a fait montre d'une harmonie à toute épreuve. Le public n'y a pas été insensible. Loin de là... Le meilleur de la soirée a été réservé pour la fin, avec l'entrée sur scène, dans la troisième partie, du ballet du «Teatro dell'Opera di Roma». Quatre tableaux de danse de différents styles, dont la chorégraphie, aussi légère que précise, est pleine de couleurs, nous ont offert un voyage à travers le temps. Le premier ballet «Oblivium» a été exécuté par le duo Alessia Barberini et Manuel Paruccini, sur une musique de Astor Piazolla. Vêtus tout les deux de noir, ils nous ont traduit, par un ensemble de mouvements, le thème de la rencontre mis en relief à travers le rapprochement des corps jusqu'à la fusion. Le second tableau, de la ballerine Gaia Straccamore et de son partenaire Mario Marozzi et intitulé «Shéhérazade, pas de deux», a fasciné l'assistance par l'ambiance qu'on dirait sortir d'un conte des Mille et Une Nuits reflétant l'Orient avec sa magie et ses mystères. Habillés à la façon d'Aladin et Jasmine et sur une musique tantôt saccadée, tantôt langoureuse, les artistes ont dansé la flamme, la séparation, la femme fatale... Changement de registre ensuite, avec deux autres tableaux, merveilleusement présentés, gais, joyeux, festifs... «Giselle, pas de deux des paysans» de Viviana Melandri et Antonello Mastrangelo raconte l'idéal, le sens de la noblesse d'une époque lointaine. Le danseur nous a exécuté une danse en pirouettes, accompagné de sa partenaire, vêtue d'une robe en cloche, rose et blanc, traduisant l'ouverture à la vie, la beauté... Le spectacle se poursuivit avec une troisième danse en solo, exécutée par Manuel Paruccini, avant de se terminer par une excellente prestation de Laura Comi (danseuse et chorégraphe) intitulée «Fremiti d'indipendenza», une danse qu'elle a conçue spécialement pour rendre hommage au 150e anniversaire de l'unité de l'Italie et à la Tunisie nouvelle, où les deux drapeaux, tunisien et italien à la main, elle a «dessiné» par des pas de danse harmonieux et gracieux, la gloire et le triomphe. «Ce soir, on a réussi à rapprocher deux mondes dont la culture est à la fois différente et proche. Nous sommes très heureux parce que le public était très enthousiaste», nous a déclaré Laura Comi, directrice de l'école de danse du «Teatro dell'Opera de Rome», au terme de la soirée.=