L'exposition de peinture indienne qui se déroule du 13 au 21 avril au Centre culturel de Sousse, du 23 au 30 avril à la galerie des arts à Ben Arous et du 12 au 22 mai 2010 à l'espace Sophonisbe à Carthage est organisée conjointement par le Comité culturel national et l'ambassade de l'Inde à Tunis. Cette exposition de l'art figuratif indien se concentre sur 29 tableaux de quatorze artistes plasticiens, des pionniers dans leur genre. Elle se subdivise en quatre catégories. Dans la première catégorie, on y trouve les œuvres de trois artistes appartenant à l'école néo-bangale de Calcutta : Jamini Roy, K.G. Subramanyan et Ramachandran. La deuxième catégorie, celle du groupe progressiste de la ville de Bombay, comprend Francis Souza, Tayeb Mehta, Krishna Khanna et Makboul Feda Husseïn. Ce dernier, natif de l'Etat de Maharashtra en 1915, a été un des fondateurs du Groupe des artistes progressistes. Sa renommée remonte à l'époque où il a immortalisé le portrait de Mère Teresa, la religieuse indienne fondatrice des Missionnaires de la charité. En 1950, il participe à une exposition à Sao Paulo, au Brésil, aux côtés de l'Espagnol Pablo Picasso. Depuis, sa réputation est toute faite. Sur la fin, il fut élu membre du Parlement indien. La troisième catégorie comprend trois peintres autodidactes qui n'appartiennent à aucune école et qui pourtant sont très connus à New Delhi. Il s'agit de Jogen Chaudhury, Manjit Bawa et Bhupen Khakhar. La quatrième catégorie est sans nul doute la plus intéressante. Elle nous met en présence du monde de la femme. Elles sont quatre artistes : Arbita Singh, ingénieur polytechnicienne, Anjolie Ela Menon de l'école des Beaux-Arts de Paris, chevalier des arts et des lettres, Arpana Caur et enfin la grande Amrita Shergil. Celle-ci est incontestablement la première femme peintre en Inde, la plus célèbre dans le monde. Pourtant, cela fait soixante-dix ans qu'elle est morte, mais sa célébrité, à l'usure du temps, n'a jamais faibli. L'artiste, disparue à l'âge de 28 ans, est née à Budapest d'un père indien et d'une mère hongroise en 1913. Retournée en Inde, elle n'y reste pas longtemps puisque, à seize ans, elle s'installe à Paris où, quelques années plus tard, elle adhère au fameux Grand Salon de Paris, devenant ainsi la première artiste d'origine asiatique à en faire partie. De retour en Inde, elle s'applique beaucoup dans sa peinture qui jouit des faveurs de la critique et de l'intérêt du public. En Inde, il est souvent admis que Amrita Shergil appartient à cette catégorie que le grand Rabindranath Tagore appelait les femmes-racines, celles qui demeurent près de l'homme et le poussent vers le soleil, la lumière. Dotée d'une formidable énergie créatrice, Amrita Shergil a donné naissance à des œuvres au message universel de force, d'harmonie et de beauté qui ne peut manquer d'interpeller et de convertir le regard du visiteur sur le monde environnant. Pour terminer, chaque tableau est ici un fragment d'un pays fabuleux, d'une immense civilisation dont la magie, toujours agissante, nous apprend à changer notre regard sur le monde.