• 9 morts et 300 blessés, et campements incendiés Pour la deuxième journée consécutive, des affrontements opposaient hier dans le centre du Caire les forces de sécurité égyptiennes à des centaines de manifestants réclamant toujours que l'armée quitte le pouvoir. On déplore neuf morts et environ 300 blessés depuis avant-hier, selon l'agence de presse officielle MENA. Hier matin, plusieurs centaines de manifestants ont jeté des pierres sur les forces de sécurité qui avaient bouclé les rues autour du Parlement. Des soldats sont montés sur les toits pour également bombarder la foule de pierres, tandis que d'autres arrosaient les manifestants avec des lances à eau. Des cailloux et du verre brisé jonchaient les rues, tandis qu'une épaisse fumée s'échappait d'un immeuble de deux étages incendié près du Parlement. Selon des témoins, des soldats en tenue anti-émeute et armés de bâtons ont pourchassé les manifestants, les forçant à battre en retraite sur la Place Tahrir. Des images de la chaîne de télévision privée CBC montrent des militaires frappant deux hommes à coups de bâton et de pied, dont l'un à plusieurs reprises sur la tête, avant de les laisser inanimés sur le trottoir. Plus tard, les forces de sécurité ont chargé sur la place pour disperser les manifestants, incendiant leurs campements. Un nuage de fumée noire planait sur le centre du Caire, provenant de ces tentes en feu. Certains témoignages, non confirmés, faisaient état de tirs à partir de toits. Des journalistes de télévision ont été interpellés et leur matériel a été confisqué. Les affrontements ont débuté, jeudi soir, après l'expulsion par l'armée de manifestants devant le siège du gouvernement, près de la Place Tahrir. Selon des témoins, les soldats ont frappé des manifestants, traîné des femmes par les cheveux et incendié des tentes. Dans une déclaration lue à la télévision officielle avant-hier soir, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la démission du président Hosni Moubarak en février, a déclaré que les militaires n'avaient pas l'intention de disperser violemment la manifestation. Les soldats ont fait preuve de retenue et n'ont pas fait usage d'armes, selon le CSFA. Les affrontements, affirme-t-il, ont commencé quand un soldat a été attaqué et que des manifestants ont tenté de pénétrer dans le bâtiment du Parlement. Le Premier ministre Kamal el-Ganzouri a de son côté justifié l'intervention des forces de sécurité et démenti que l'armée et la police aient ouvert le feu sur les manifestants. Il a accusé «un groupe (de gens) d'être arrivé à revers et d'avoir tiré sur les protestataires». Ces violences sont les plus importantes depuis les affrontements entre manifestants et forces de sécurité, qui ont fait plus de 40 morts en novembre dans le même secteur du Caire, Place Tahrir et dans ses environs. Elles interviennent sur fond d'élections législatives dont la première phase, qui a débuté le 28 novembre, a été marquée par la domination des partis islamistes. «Liberté et Justice», la formation des Frères musulmans, a recueilli quelque 36% des voix, tandis que le parti Al-Nour (salafiste) a obtenu 24% des voix. La deuxième phase de l'élection a eu lieu mercredi et jeudi dans neuf des 27 provinces du pays. La troisième phase du scrutin est prévue début janvier 2012. Ce sont les premières élections depuis la démission le 11 février, sous la pression de la rue, du président Moubarak.