La Tunisie a célébré hier la journée internationale des migrants. Plus d'un million de Tunisiens résidents à l'étranger, auxquels s'ajoutent les 35 à 40.000 émigrés clandestins qui, après le déclenchement de la révolution, ont pris le large, dans des embarcations de fortune, en direction de l'île italienne de Lampedusa dans l'espoir de trouver du travail sur l'autre rive de la Méditerranée, au risque de leur vie. Plusieurs centaines sont, aujourd'hui, portés disparus, ils sont estimés à un millier par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. Par ailleurs, 82 mille Tunisiens ont fui la guerre en Libye et sont retournés au pays. En même temps, le Sud tunisien a été, durant de longs mois, le refuge de centaines de milliers de migrants de différentes nationalités qui ont fui les combats dans ce pays voisin. Près de 3.400 réfugiés du Tchad, d'Erythrée, d'Irak et de Somalie séjournent encore dans les camps dans des conditions difficiles. La création d'une structure qui prend en charge le dossier de la migration a été l'une des principales recommandations formulées dans le cahier des doléances élaboré par les représentants d'une soixantaine d'associations de Tunisie, Belgique, Italie, Canada, Suède, Suisse et France, lors des assises de l'immigration tunisienne tenues le 7 mai 2011 à Saint-Denis en France et remis au gouvernement provisoire en juin dernier. Les Tunisiens résidents à l'étranger ont revendiqué la redéfinition de la politique de migration, la révision de la législation et la ratification des conventions internationales dans ce domaine, notamment, celle du 18 décembre 1990 sur la protection des travailleurs migrants et de leurs familles. M. Tarek Ben Hiba, président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (Ftcr) a souligné, dans une déclaration à la TAP, la nécessité d'organiser, au plus vite, une rencontre avec les associations indépendantes de la migration pour discuter concrètement des urgences. Parmi ces priorités, la création d'une commission nationale d'enquête sur les migrants disparus en mer et en Italie, l'élaboration d'une solution digne et humaine à ceux restés à Lampedusa et la mise en place d'un haut conseil de la migration. M. Ben Hiba propose également l'organisation d'une rencontre nationale des associations de la migration en Tunisie et l'octroi du statut de réfugié aux ressortissants des différentes nationalités ayant fui les combats en Libye et qui se retrouvent, à ce jour, bloqués à la frontière, dans des camps. Il suggère la promulgation d'une loi créant le statut de réfugié en Tunisie.