Des lois sur mesure pour éliminer les champions et faire la part belle aux opportunistes : il faut que cela cesse ! Rafik Kaddour est un ancien champion de Tunisie de tennis, qui a participé à plusieurs coupes Davis sous le drapeau national et qui a été vice-président de la fédération de la balle jaune. Emporté par sa passion, soutenu par ses pairs qui voient en lui un futur bon président du tennis post-révolutionnaire, il a été bouté hors de la course pour deux raisons. La première stupide, la seconde manipulatrice. Stupide, parce que «l'ancien etablishment» a décrété qu'il faut un Bac plus on ne sait quoi, pour être président de fédération. Dehors les sportifs! Bonjour les opportunistes de tous bords qui ont sévi des décennies durant pour réduire notre sport à l'état où il est. Et à ceux qui veulent encore nous faire croire que la Tunisie est un pays de champions, nous rappelons les dates et les faits suivants : • 1968 : Mohamed Gammoudi est médaillé d'or aux Jeux olympiques de Rome dans l'épreuve des 5.000 m. • 2008 : Soit 40 ans plus tard, Mellouli est médaillé olympique dans l'épreuve des 1.500 m. (natation). En presque 56 ans d'indépendance, avec tout l'argent et les discours démagogiques avec lesquels on nous a rebattu les oreilles, la Tunisie des dirigeants (pas celle des sportifs) a enfanté deux champions olympiques uniquement. Deux champions du monde aussi : Kamel Bouali en boxe (mais lui, grâce à son courage, à ses sacrifices, au Totip italien et à son manager Umberto Branchini) et de nouveau Mellouli, dont l'actuel président de fédération, Ali Abbès, a fait son ennemi juré, celui à abattre! Au passage, deux boxeurs, Habib Ghalia et Missaoui, ont remporté des médailles mineures à Rome et Atlanta. Voilà donc le bilan de 56 ans de gestion de notre sport par des personnes qui ont débarqué dans ce monde avec pour objectifs une promotion sociale, économique ou politique, qui se sont —généreusement— servis beaucoup plus qu'ils n'ont servi, qui ont fait des lois sur mesure, qui ont encore «manipulé» ces lois lors des assemblées générales et qui, pour la plupart, se représentent pour un nouveau mandat. Rafik Kaddour, ex-champion tunisien, n'a pour sa part même pas eu droit aux documents qui attestent de son droit à l'éligibilité à travers ses sélections et ses années de services rendus au sport national. Dieu que c'est triste! La nomination de Tarek Dhiab à la tête du ministère est à, ce propos, exemplaire dans la mesure où les grands sportifs tunisiens peuvent à présent relever la tête, revendiquer leurs droits légitimes et historiques et ne pas se faire confisquer leur sport. Attention : nous ne voulons pas tomber dans l'exagération et exiger que tout sportif, tout champion doit être à la tête de la fédération, mais nous voulons en revanche que ceux qui n'ont rien à voir avec le sport (comme l'indiquent leurs résultats et leurs pratiques) quittent la table et cèdent la place aux autres. Le tennis, la boxe, la natation, le football, le judo et d'autres sports encore : la Tunisie est une mine de champions. Certains de nos responsables en ont fait un… cimetière.