Grève, hier, des conducteurs des trains de la Sncft vers les destinations lointaines, en signe de protestation contre les déclarations d'un haut responsable de la Société, insinuant que l'accident survenu, samedi dernier, au niveau de la station de Bouargoub ayant causé la mort du conducteur et de son assistant, est dû à l'excès de vitesse et à l'inattention du conducteur. Les chauffeurs, qui ont observé, hier, un arrêt de travail sur les lignes intérieures, rejettent fermement les déclarations du responsable en question, estimant que la Société essaie de faire d'eux les boucs émissaires dans une situation précaire qu'ils n'ont pas arrêté de dénoncer depuis des mois. «Nous refusons de travailler dans des conditions aussi difficiles et d'assumer les conséquences des erreurs d'une administration qui rechigne à reconnaître sa responsabilité», ont-ils souligné hier. Quant aux usagers des trains qui ont été surpris par la grève, se trouvant dans l'impossibilité de rejoindre les villes où ils travaillent, après avoir passé le week-end chez eux, ils appellent à une solution urgente «qui préserve (leurs) intérêts et (leur) épargne de tels désagréments». Beaucoup parmi les passagers entassés dans les gares, dans l'attente d'un train qui n'arrive pas, n'ont pas manqué d'exprimer «leur colère en l'encontre de ces grèves qui sont déclenchées le plus souvent pour des raisons futiles». Cela ne les a pas empêchés de faire part de leurs sentiments de compassion à l'égard du conducteur et de son assistant morts à Bouargoub et d'appeler le ministère du Transport à «intervenir immédiatement en vue d'une solution qui satisfasse les uns et les autres». Rappelons que l'accident de train de marchandises desservant la ligne Tunis-Sfax a eu lieu, samedi dernier à 5h30 du matin, au niveau de la station de Bouargoub (gouvernorat de Nabeul), causant la mort du chauffeur et de son assistant et l'arrêt du trafic des trains sur cette ligne. D'une longueur de 418 mètres, le train est composé de 27 wagons d'une capacité totale de 1.070 tonnes, a déclaré une source de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft), au correspondant de la TAP à Nabeul. Dix wagons du train qui transportait de l'amonitre (engrais azoté) et du sodium, principal composant du sel de table, ont été endommagés, a précisé le correspondant de la TAP. La Sncft a indiqué dans un communiqué, dont une copie est parvenue à la TAP, que l'accident a été causé par le déraillement du train qui venait de Sfax vers Tunis, lors de son entrée à la station de Bouargoub( 47 km au sud de la capitale). Elle a ajouté que les services techniques de la Sncft se sont rendus sur le lieu de l'accident pour y identifier les causes, encore inconnues. «L'accident a engendré l'arrêt du trafic des trains desservant la ligne Tunis-Sfax, et ce, en attendant la fin des travaux de réparation des rails endommagés par l'accident», a précisé la même source. Le correspondant de la TAP a fait savoir que des unités de l'armée nationale, de la Protection civile et des privés s'emploient à l'heure actuelle à décharger les wagons du train, afin de faciliter leur enlèvement. Il a souligné qu'une partie du mur clôturant la station a été démolie, en vue de faciliter l'accès des grues au lieu de l'accident. Six grues sont actuellement sur le lieu de l'accident en attendant l'arrivée de 5 autres, a-t-il encore avancé. Contacté par le correspondant de la TAP, un responsable de la société a fait savoir que l'enlèvement des wagons peut durer 10 heures en raison de leur poids. M.Khalil Hamdan, PDG de la Société régionale de transport du gouvernorat de Nabeul (SRTGN), a indiqué à la TAP que 3 bus sont mis à la disposition des voyageurs qui étaient à bord des trains n'ayant pas pu rejoindre leur destination à cause de l'arrêt du trafic. Les ministres de Transport et de l'Intérieur au sein du gouvernement de gestion des affaires courantes, ainsi que le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur du nouveau gouvernement se sont rendus sur le lieu de l'accident. S'adressant aux journalistes, le chef du nouveau gouvernement, M.Hamadi Jebali, a affirmé que le secteur du transport nécessite d'engager des réformes et des mesures «urgentes» afin d'assurer la sécurité des voyageurs et garantir la fluidité requise du transport.