L'An I de la révolution a ressemblé en matière de sport, et plus particulièrement de football, au fameux parcours du combattant. Alors que 2011 s'en va rejoindre l'Histoire, flash-back sur les heurs du ballon rond. Malgré un contexte difficile marqué par la recrudescence de la violence, l'institution du huis clos durant la phase retour de la saison passée et une profonde crise fédérale, le foot national a vécu au moins trois dates à marquer d'une pierre blanche. Trois gros moments de triomphe qui en disent long sur ses ressources insoupçonnées, confortées par une envie et une soif de vaincre en rapport avec le nouvel état d'esprit apporté par la révolution de la liberté et de la dignité. Un Chan venu de nulle part Les échos fulgurants de la nouvelle phase que vivait le pays depuis le 14 janvier et la fuite du dictateur déchu ne s'étaient pas encore tus. Tout était à reconstruire. Portée par une cure de jouvence, la sélection nationale des joueurs locaux ouvrait les hostilités au Soudan, du 4 au 25 février, pour le compte du championnat d'Afrique des nations réservé aux joueurs locaux. Pour toute préparation, les hommes de Sami Trabelsi durent se contenter d'une petite semaine de mise au vert au Maroc. Et c'était déjà un luxe quand on se souvient du contexte des tout premiers jours après la révolution. Transfigurés par le désir ardent de donner le sourire à un peuple sortant à peine d'une longue nuit de ténèbres, les Abdennour, Hichri, Mathlouthi, Dhaouadi, élu meilleur joueur du tournoi, vont ainsi balayer tout sur leur chemin. Parfois au forceps (au bout des tirs au but, en demi-finales contre l'Algérie), souvent de manière indiscutable (en finale, devant l'Angola 3-0, le 25 février). Les Aiglons ramenaient le trophée de la 2e édition du Chan. Personne ne les attendait sur la plus haute marche du podium : solidaires et détérminés comme jamais, les enfants de la révolution ont su déjouer les pronostics. Scénario à la Hitchcock En cette soirée du samedi 8 octobre, un autre miracle a été accompli. Sans devoir passer par Lourdes ou Fatima, écriraient nos collègues français, par exemple. L'équipe de Tunisie, pour renverser la vapeur dans un groupe qualificatif pour la CAN 2012, conduit par le Botswana et le Malawi, devait non seulement battre le Togo à Radès dans ce qui ne sera qu'une formalité, mais en même temps attendre que les Flames du Malawi ne gagnent pas à N'Djamena contre le Tchad dans cette dernière journée décisive. Comme par enchantement, le sort se chargera d'écrire le scenario idéal à la Hitchcock: victoire logique des nôtres (2-0), mais surtout le Malawi accroché à la troisième minute du temps additionnel (2-2) par le plus tunisien d'entre les Tchadiens, Ezechiel N'douassel, contre un Sao (surnom de la formation du Tchad) qui n'avait pourtant plus rien à attendre dans ces éliminatoires. La Tunisie arrache ainsi au finish, à la Pyrrhus, son ticket pour «Gabon-Guinée équatoriale 2012». 2011 aura été sans conteste l'année de l'Espérance de Tunis, au niveau des clubs. Auteur d'un doublé méritoire sur le plan national, le «Doyen» a vécu son heure de gloire un samedi 12 novembre, par une incandescente soirée radésienne. En disposant du Wydad de Casa (1-0 du Ghanéen Afful) en finale retour, le club «sang et or» chassait une malédiction, celle de la Ligue des champions d'Afrique qui se dérobait à ses avances et à sa cour assidue depuis une éternité. Après 2007 et la non moins éclatante victoire de l'Etoile Sportive du Sahel face à Al Ahly d'Egypte, «Tarajji» apportait au foot national sa deuxième couronne continentale dans l'épreuve la plus prisée. Certes, du 8 au 18 décembre, au Japon, à l'occasion du Mondial des clubs, le club de Bab Souika décevra les attentes. Mais le triomphe africain aura été un des moments forts d'une année 2011 guère avare en exploits et en coups d'éclat. Le mérite de l'élite nationale et de l'EST aura été d'autant plus grand que ces performances survenaient dans une atmosphère qui n'aide guère à tutoyer l'excellence et à caresser du creux de la main les étoiles. Croisons les doigts afin que la nouvelle année 2012 soit non moins généreuse et tout autant inspirée par cette rare faculté de dépassement.