Y a-t-il des universités tunisiennes d'enseignement supérieur privé? Au vu des aménagements introduits par la loi régissant ce secteur depuis 2008, on peut dire non! Car une telle structure nécessite l'existence de plusieurs institutions dispensant des enseignements polyvalents. Jusqu'à présent, une telle organisation n'est pas encore en vigueur. Malgré tout, certaines institutions d'enseignement privé continuent à s'octroyer cette appellation d'«université». En tout état de cause, les perspectives montrent qu'il y aura du nouveau pour ce secteur qui a enregistré des avancées assez importantes depuis sa création il y a au moins une décennie. Ou du moins depuis sa reconnaissance et son organisation officielles. Actuellement nous comptons une quarantaine d'institutions couvrant toutes les spécialités. Elles sont surtout réparties dans le Grand-Tunis, à Sousse et à Sfax. Plus de 15.000 étudiants y suivent leurs études, encadrés par 300 professeurs permanents, en plus des enseignants vacataires issus du secteur public. Les nouvelles dispositions prises par le ministère de l'Enseignement supérieur devraient avoir des répercussions positives, notamment au niveau de la gestion, de l'organisation et des contenus de cet enseignement. Si, avant, il fallait un capital de 150 millions de nos millimes pour lancer un projet, il en faut, maintenant, un minimum de deux milliards. Ce montant est jugé, aujourd'hui, comme la base du démarrage d'un projet viable. Il n'est pas, en effet, possible de dispenser un tel enseignement sans des équipements de base similaires à ceux utilisés dans les établissements étatiques. Selon le cahier des charges, d'ailleurs, chaque institution d'enseignement supérieur privé, validée par le ministère, doit avoir deux instances (un conseil scientifique et un conseil de discipline). De plus, elle doit adopter une gestion administrative regroupant des services pédagogiques (pour l'organisation des enseignements, des études et des examens), un service des stages et un autre pour les affaires estudiantines. Garantie de niveau Quant à l'encadrement pédagogique, il doit assurer un minimum d'exigences. D'où la nécessité de garantir un enseignant pour 10 étudiants en médecine, en médecine dentaire, en pharmacie ou dans le paramédical. Pour les études littéraires, artistiques, sciences humaines, juridiques ainsi que l'économie et la gestion, on prévoit un enseignant pour 15 étudiants. Pour couvrir ces besoins, les écoles ou facultés privées peuvent recourir au secteur public pour recruter leurs vacataires. Mais avec autorisation administrative. Malgré certaines difficultés, les promoteurs de ces projets semblent assez confiants dans l'avenir. La progression est visible. Le nombre d'étudiants n'augmente pas très vite, mais on s'attend à une amélioration dans le futur grâce aux bons résultats obtenus dans ce secteur. Bien que nous n'ayons pas pu obtenir des statistiques précises dans ce sens auprès du ministère concerné, on estime qu'il y a un taux de réussite plus élevé que dans le secteur public. Il faut préciser que la qualité des diplômes n'est pas à mettre en cause puisque dans certaines spécialités (médecine, paramédical…), il y a une forte employabilité. Certaines de ces institutions jouent sur cette carte fortement gagnante. Un autre atout joue en faveur de l'enseignement privé. Les bacheliers déçus de l'orientation universitaire se «rabattent» sur des filières existant dans ce secteur. Cela leur garantit au moins de suivre les études qui les intéressent. La reconnaissance des diplômes ne posant pas de problèmes, les inscrits ne reculent pas même devant les tarifs qui vont de 2.000 à 11.000 dinars par an. Mais on estime la moyenne à 4 ou 5 millions pour la majorité des spécialités et des institutions. L'Etat n'a pas fixé les tarifs car ils sont libres. Toutefois si l'institution introduit une augmentation, elle doit respecter le plafond de 5% par an. Sans vouloir faire de la publicité à certaines écoles, on peut affirmer qu'il y en a qui ont acquis une renommée et bénéficient d'un grand crédit auprès des étudiants et des bacheliers. Aussi, le nombre d'inscrits y est-il en constante augmentation. Mais on ne s'y bouscule pas encore. Cette évolution s'explique par la relative liberté de gestion et d'organisation accordée à se secteur. La libre initiative des promoteurs peut, toujours, faire la différence. Ceci n'empêche pas les autorités de tutelle d'exercer leur droit de contrôle et de suivi pour vérifier la conformité des programmes, le respect des normes énoncées par le cahier des charges et l'application des règles.