• La rentrée sera normale • A La Manouba, les enseignants s'engagent à assurer des cours de rattrapage et à modifier le calendrier des examens Sur les 193 institutions d'enseignement supérieur, seules deux n'auraient pas une rentrée normale. Celle de La Manouba pour les raisons que l'on connaît et qu'on rappellera ici. Et celle de Monastir (musique) dont les étudiants exigent le départ du responsable. Ainsi donc et selon une source du ministère de l'Enseignement supérieur, les cours reprendront normalement dans tous les autres établissements le 2 janvier. Cette date est, justement, le point de départ des examens dont les dates sont fixées par les rectorats. Il faut rappeler, par ailleurs, que des examens ont déjà eu lieu au cours du dernier trimestre. Tout s'est relativement bien passé à l'exception de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités à La Manouba. Là, les épreuves ont été perturbées dès le 29 novembre 2011 suite à l'interdiction signifiée à une étudiante portant le niqab d'entrer dans la salle d'examen. C'est à la suite de cet incident qu'un mouvement de protestation s'est déclenché, perturbant le bon déroulement des examens et entraînant par la même occasion la paralysie puis la fermeture de l'établissement. Les protestataires exigeaient la réintégration de l'étudiante incriminée. Des scènes de violence verbale et même des agressions contre le doyen et une employée ont été signalées. L'intervention de plusieurs parties en vue de négocier une sortie honorable n'ont rien donné. La garde nationale, la police, des personnalités politiques ont voulu apporter leur contribution, mais ne sont pas parvenues à trouver une issue. En dernier recours et, après une marche pacifique organisée par des étudiants, des professeurs et le personnel administratif, une grève peu suivie a été organisée, par les enseignants. C'est alors que le conseil scientifique, s'est réuni le 6 décembre 2011, et a décidé la fermeture de la faculté jusqu'à l'évacuation des «individus étrangers et à la levée du sit-in!» Ce conseil, faut-il le signaler, regroupait les représentants du syndicat de base des professeurs et de celui des fonctionnaires, ainsi que des représentants des professeurs au conseil de la faculté. Les sit-inneurs persistent et signent en annonçant qu'ils ne lèveraient le «siège» que si l'administration revenait sur ses décisions et qu'on réservait, en plus, un espace pour la prière dans l'établissement. Devant cette situation de statut-quo, il était impossible d'attendre quoi que ce soit des uns ou des autres, puisque chacun campait sur ses positions. En dépit de tout, les enseignants ont délégué le doyen à prendre les décisions légales qui s'imposent conformément aux dispositions de l'article 30 de la loi sur l'enseignement supérieur en date du 4 août 2008. Et, comme signe de bonne volonté, les enseignants de La Manouba se sont engagés à donner des cours de rattrapage et à modifier le calendrier des examens pour faire réussir l'année universitaire. Avec cette rentrée, on devrait assister à l'arrivée en force de deux courants interdits auparavant, à savoir l'Ugte et les jeunes du mouvement Ennahdha. Ces deux mouvements sont des alliés objectifs et ne manqueront pas, peut-être, de créer de nouveaux rapports de force qui débloqueront la situation et contribueront à apporter des solutions aux vrais problèmes des étudiants. La vie estudiantine a toujours été marquée par une grande dynamique, même pendant les années les plus sombres. Et ce qui se passe, aujourd'hui, doit être perçu comme faisant partie de cette dynamique. Or ce qui a, probablement, amplifié les derniers évènements, c'est l'intervention de parties extérieures (politiques, médiatiques et autres). En transposant les évènements sur la place publique, on a dramatisé (théâtralisé) la réalité. D'ailleurs, de nombreux intervenants reprochent aux médias la manière avec laquelle a été traitée l'affaire. Aussi, pour cette période, préconise-t-on une autre approche plus posée et plus objective des choses, loin des surenchères politiques et partisanes. Les autorités de tutelle sont également appelées à s'investir davantage et à prendre des mesures claires en vue de permettre un retour à la normale au plus vite.