• Au cœur de l'affaire, le patron des BOP provoque un extraordinaire élan de solidarité parmi ses hommes Nouveau si-in hier devant le siège du ministère de l'Intérieur où, dès 10 heures du matin, un grand nombre d'agents de l'ordre, toutes brigades confondues, ont accouru des différentes régions du pays dans un extraordinaire élan de solidarité, à l'appel des différents syndicats des forces de sécurité intérieure. Motif du sit-in : non au départ de l'homme fort des unités des Bop, Moncef Laâjimi. En fait, plus qu'un départ, il s'agit d'un limogeage annoncé, contre toute attente, par le ministre de l'Intérieur, lors de sa récente visite d'inspection à la caserne de Bouchoucha, QG de ces unités. Annonce qui a tôt fait de mettre le feu aux poudres, non seulement auprès des «bopistes», mais aussi — fait rarissime — dans les rangs mêmes des différentes structures de l'appareil sécuritaire du pays. Une mesure arbitraire C'est que, çà et là, la mesure de limogeage prise par M. Ali Laâridh est qualifiée unanimement d'«arbitraire» et de «totalement injustifiée». «Sans prétendre prendre la défense de notre patron (Ndlr Moncef Laâjimi), je vous jure qu'il est innocent et qu'il a été victime d'un règlement de comptes», nous lance un sit-inneur, qui, fou furieux, ajoute : «Il est scandaleux d'éliminer, gratuitement et sans crier gare, un cadre si compétent et un homme si expérimenté qui a eu le mérite, dans une conjoncture pourtant très difficile, de redonner à nos unités leur efficacité d'antan». Pour un autre sit- inneur, «rien ne prouve, matériellement, l'implication de M. Laâjimi dans l'affaire des martyrs de Thala et du Kef. Une affaire dont les véritables accusés courent hélas toujours». Il est vrai que M. Laâjimi, déféré récemment devant la Cour militaire du Kef dans le cadre de cette affaire, a été laissé en liberté, ce qui prouve assurément son innocence et l'absence d'éléments pouvant motiver son arrestation. Zones d'ombre Or, il se trouve, affirment les sit-inneurs, que la «décision de limogeage de l'intéressé est dictée par la volonté du gouvernement de soigner sa cote de popularité dégringolante en tentant de gagner la sympathie des familles des martyrs et des blessés de Thala et du Kef, dont certaines ont précipitamment accusé M. Laâjimi d'être impliqué dans cette affaire, ce qui est tout à fait faux». En face, le ministère de l'Intérieur campe sur ses positions, après avoir réussi, affirme une source bien informée, «à obtenir la mutation de Moncef Laâjimi à un autre poste». N'en déplaise donc aux sit-inneurs, dont la majorité a repris hier le travail. Comme si de rien n'était ! Les contre-manifestants qui sont venus eux aussi en nombre assez important, ont-ils eu un effet direct sur cet imbroglio ou n'en ont-ils pas eu? Persistent quand même les questions brûlantes suivantes : Pourquoi le ministère a-t-il vite «cassé» sa décision de limogeage ? Pourquoi ledit département s'est-il de nouveau rétracté? A-t-on dit toute la vérité sur cette énième affaire ayant secoué ce ministère si névralgique ? Y aura-t-il d'autres rebondissements ? Enfin, est-ce vrai que M. Ali Laâridh, au milieu de la tourmente, est fermement résolu à poursuivre, par tous les moyens, son opération d'assainissement qui risque, annonce-t-on déjà çà et là, de précipiter la chute d'autres «barons de la police» ? Attendons de voir… Contrairement aux rumeurs : Les forces de l'ordre ont toujours été là … affirme le Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention Le bureau exécutif du Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention et l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisienne démentent les informations véhiculées par certains médias et reprises par les réseaux sociaux concernant le retrait par les unités d'intervention et les unités relevant de l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisienne de leurs patrouilles qui opèrent sur la voie publique, en signe de protestation contre la décision de démettre de ses fonctions le directeur général des unités d'intervention, Moncef Laâjimi. Ils ont appelé leurs adhérents, dans des communiqués rendus publics hier, à «la nécessité de redoubler de vigilance et d'intensifier la présence sécuritaire dans les zones de mission, avec utilisation des lumières clignotantes pour ce qui est des patrouilles mobiles, tout en confirmant le non-retrait des unités sécuritaires.» Ils ont également fait remarquer que «l'organisation des mouvements de protestation doit s'effectuer à l'intérieur des casernes par les agents administratifs et les agents qui n'opèrent pas sur le terrain», réaffirmant «l'impératif de déployer tous les efforts et de se consacrer avec sérieux à servir la nation et le citoyen.» Le bureau exécutif du Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention et l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisienne ajoutent qu'ils «ne sont pas responsables des agissements contraires au contenu de ces communiqués.»