Le secteur informel intéresse beaucoup de femmes d'âge et de niveau différent d'une personne à une autre. Pas toujours bien rémunéré, un travail dans le secteur informel ne dispose pas des garanties nécessaires, comme la sécurité sociale et l'assurance maladie. Travailler dans ce secteur pour une femme n'est pas toujours un choix libre où il est dicté par la nécessité. En effet, une femme qui est chargée d'une famille avec un père absent – pour cause de décès, d'incarcération, de maladie – ou ne disposant pas des ressources suffisantes oblige la mère de famille à taper à toutes les portes pour gagner sa vie dignement. Le secteur informel ouvre donc la voie à la femme pour qu'elle améliore ses revenus, même sans avantages sociaux. Les résultats d'une étude sur «Les femmes et le travail informel », présentés récemment, ont confirmé les problèmes que rencontrent certaines femmes qui ont opté pour ce secteur bien développé dans notre pays. L'étude en question s'inscrit dans le cadre du projet «Précarité économique et soutien aux droits des femmes» lancé par l'espace «Tanassef», relevant de l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd) pour la période 2009-2011 et financé par la coopération espagnole. D'autres femmes attendent leur tour Ce projet a pour objectif de renforcer les compétences économiques des femmes, leur faire connaître leurs droits et lutter contre toutes les formes de violence. La précarité de l'emploi – même si elle concerne aussi l'homme dans notre pays – ne donne pas toujours des résultats probants dans la vie de la femme qui doit se réveiller très tôt pour aller à son travail en utilisant parfois plus d'un moyen de transport. Elle est appelée ensuite à déployer des efforts physiques qui dépassent ses capacités dans le cadre de la tâche qui lui est dévolue. Et malgré tout ce sacrifice, son employeur trouve parfois le moyen de lui faire des remarques et de la menacer de licenciement. C'est que le secteur informel ne fait pas l'objet — contrairement au secteur organisé — d'un contrôle de la part de l'inspection du travail et n'est pas concerné par l'action syndicale. La femme doit donc obéir sans avoir le droit de revendiquer quoi que ce soit. Et si elle n'est pas contente, d'autres femmes attendent leur tour pour prendre sa place. Le travail de la femme dans le secteur informel n'exige souvent pas beaucoup de qualifications ou d'une longue expérience. C'est dire que le remplacement d'une employée par une autre est assez aisé. Mais le travail informel ne concerne pas uniquement la Tunisie. Plusieurs pays de par le monde, y compris ceux qui se trouvent en Asie, comptent beaucoup sur ce secteur pour booster leur économie et améliorer le revenu des citoyens. Les travailleurs sont ainsi en mesure de proposer des produits en masse à des prix compétitifs par rapport à la concurrence internationale, car les charges supportées par les producteurs sont réduites. Le travailleur est souvent payé à la pièce et ne bénéficie d'aucun avantage social. D'après les chiffres disponibles, le secteur informel représente entre 10 et 50% du PIB et de l'emploi non agricole dans les pays peu industrialisés. Cependant, une entreprise informelle peut se transformer, moyennant certains changements en une entreprise organisée conformément à la loi en vigueur. Dans notre pays, le secteur informel où la femme est fortement présente, se trouve notamment dans le tissu urbain et péri-urbain. L'étude en question, qui a touché un échantillon de 229 femmes résidant à l'Ariana, La Manouba et Ben Arous, a montré que le secteur informel tunisien couvre cinq domaines essentiels, à savoir les micro-entreprises, les vendeurs ambulants, le commerce frontalier, la production domestique et les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Concurrent virulent du secteur organisé Chaque travailleur semble trouver son compte même si la précarité de cet emploi touche 84% des femmes salariées ou gestionnaires de leur propre projet. En fait, les indicateurs de précarité et de fragilité de l'emploi peuvent se résumer en l'absence de qualification et de contrats de travail, le faible taux de couverture sociale et la quasi-absence d'ancienneté dans le métier exercé. Il est intéressant de savoir qu'une dizaine de cas – qui représentent 4% des personnes enquêtées – de femmes entrepreneurs gagnent bien leur vie avec un revenu mensuel supérieur ou égal à 600 dinars. Ces femmes ont pu faire des contacts et gagner la confiance de certains acheteurs pour vendre leurs produits ou leurs services. Mieux encore, 60% des femmes souhaitent assurer l'extension de leurs activités. Mais le manque de moyens matériels – en plus de l'insuffisance des connaissances techniques et de l'encadrement – constituent un vrai handicap pour atteindre cet objectif ambitieux. Le secteur informel que certains considèrent comme un concurrent virulent du secteur organisé peut faire l'objet d'un assainissement et d'une prise en charge par le tissu associatif. Dans les quartiers défavorisés, où se trouvent généralement les ateliers ou locaux des entreprises informelles, des visites médicales périodiques et régulières gratuites ou à un prix symbolique pourraient être organisées en vue d'ausculter les travailleurs à titre préventif ou de traiter d'éventuelles maladies. Il est possible également d'aider les travailleuses pour qu'elles obtiennent des médicaments dont elles ont besoin. Parallèlement, un soutien scolaire pour les enfants des femmes relevant du secteur informel serait bien accueilli. Ces femmes ont besoin d'argent, mais ne sont pas toujours en mesure de contracter des crédits pourtant disponibles. D'où la nécessité de les sensibiliser et de les orienter vers les bailleurs de fonds pour qu'elles puissent améliorer leurs projets.