Au cours d'une conférence de presse organisée à l'issue des travaux de la table ronde de consultation sur le cinéma et l'audiovisuel en Tunisie, les principaux protagonistes du programme Euromed audiovisuel de l'Union européenne ont mis l'accent sur les objectifs de cette consultation qui a réuni un grand nombre de professionnels du cinéma. Renate Roginas, responsable de l'unité «partenariat stratégique» au programme Euromed audiovisuel, a pris la parole pour indiquer que cette rencontre a permis à tous les intervenants dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel de réfléchir sur les actions nécessaires pour assurer le renforcement de la création, de la production et de la distribution. Les débats ont porté sur trois axes : le financement des œuvres cinématographiques et audiovisuelles, du développement du projet à la post-production, état des lieux et perspectives. Le débat a été pointu entre les intervenants, avec des rencontres bilatérales entre les différents partenaires agissant dans le secteur. Le deuxième axe s'est intéressé aux enjeux majeurs du développement des sociétés de production vers un statut de PME créative et la nécessité de leur reconnaissance à part entière par les autorités. Enfin, le troisième axe a porté sur l'exploitation et la circulation des œuvres cinématographiques et audiovisuelles. Une cinquantaine de participants chargés du cinéma, opérateurs du secteur privé, représentants des écoles de cinéma, associations, syndicats, chaînes de télévision publiques et privées, ont contribué par leur présence à fructifier le débat. «C'est une grande émotion de voir la profession se réunir à une si grande échelle», confiait Renate Roginas. Euromed III, qui fait suite à Euromed I et II, investit 11 millions d'euros pour un programme permettant à la Tunisie de bénéficier des projets suivants : Access pour l'accès aux marchés dans l'ère numérique (partenaire : Sud Ecriture Scénario), Docmed pour la formation des professionnels du documentaire (partenaire : Association Ness El Fen), Med Film Factory pour la formation de réalisateurs et de producteurs (partenaire : Sud Ecriture Scénario), Dia Sud Med pour des ateliers et des rencontres de développement de projets transmédias (partenaire : Institut supérieur des arts multimédias de La Manouba, Isamm), Tarramed Plus pour la promotion des programmes méditerranéens diffusés par les télévisions publiques et Green House pour le développement des films documentaires des diplômés des écoles de cinéma du sud de la Méditerranée. Deux phases ont précédé Euromed audiovisuel III. Il s'agit d'Euromed audiovisuel I (2002-2005) et Euromed audiovisuel II (2006-2009) qui se sont focalisés, essentiellement, sur la formation des professionnels et la création d'une base de données juridiques qui rassemble et organise le droit du cinéma et de l'audiovisuel et les droits d'auteur de tous les pays de la région sud-méditerranéenne, ainsi que les directives européennes dans le domaine. Ces outils sont importants pour motiver la coopération Sud-Sud et Sud-Nord. Il s'agit également de renforcer les structures pays par pays, de mettre en réseau et de stimuler la coproduction Sud-Sud. «Rassembler, débattre, réfléchir, tels sont les objectifs de ces rencontres. Le besoin devient plus régional, plus ciblé: organisation d'un atelier, échange avec un partenaire, expertise. A ce titre, nous avons procédé à 600 expertises à la carte, selon les besoins », souligne encore Renate Roginas. Concernant le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (CNC), Fathi Kharrat, directeur du cinéma et de l'audiovisuel au ministère de la Culture, a affirmé que la France a apporté son soutien au sujet du décret-loi portant la création du CNC. «Il est créé sur le papier, mais tout reste à faire. Et comme l'argent est le nerf de la guerre, on a imaginé la création d'un fonds de soutien au CNC. Pour ce faire, on a étudié les expériences de quelques pays, ayant établi cette démarche. En Algérie, on a procédé au prélèvement d'une taxe sur la téléphonie mobile. Au Maroc, le Centre marocain du cinéma (CMM) est alimenté par une taxe sur la publicité. On pense que le fonds du CNC sera alimenté de la même manière. On est au stade de la négociation, mais tout dépendra de la réaction des partenaires. Le ministère de la Culture tient à ce que le CNC soit opérationnel le plus tôt possible, autrement dit au 2e semestre de 2012», a-t-il déclaré. Au sujet du parc des salles de cinéma, c'est-à-dire l'exploitation cinématographique, «elle a été au cœur des débats », indique Renate Roginas. Selon l'Unesco, le nombre de salles par habitant doit être de 60 salles environ pour 1 million d'habitants, soit plus de 600 salles pour la Tunisie. Or, le déficit est de plus en plus grand et les salles qui ferment sont de loin supérieures à celles qui ouvrent. «Pourquoi ne pas exploiter le réseau des salles des maisons de culture? On a travaillé sur ce dossier lors de la consultation sur le cinéma. Mais parmi les handicaps est qu'il n'y a pas de marché. Le film tunisien n'arrive même pas à amortir 5% de son coût, lors de son exploitation. Un autre handicap à la création des salles de cinéma est le prix excessif des terrains, ce qui décourage les promoteurs. Le ministère de la Culture dispose de quelques terrains et il pourrait étudier la possibilité de les mettre à la disposition des éventuels promoteurs pour relancer le secteur de l'exploitation», a enfin souligné Fathi Kharrat. Cette conférence de presse, qui faisait suite à la table ronde consacrée au cinéma et à l'audiovisuel en Tunisie, aura laissé entrevoir beaucoup de promesses, mais des couacs aussi.