• En dépit d'un regain de vigilance, les contrebandiers continuent de sévir à nos frontières avec l'Algérie et la Libye, sonnette d'alarme... Décidément, le phénomène de la contrebande sévissant en Tunisie a la peau dure. Très dure même, quand on sait que les nombreux coups qu'il a lourdement subis dernièrement, sous la forme d'importantes saisies et de plusieurs arrestations, sont — aussi étonnant que cela puisse paraître — loin de lui avoir fait mordre la poussière ou courber l'échine. Voyons les chiffres d'abord. En 2011, nos douaniers ont en effet pu saisir des marchandises estimées à plus de 42 millions de dinars, mettre la main sur quelque 254 tonnes de produits alimentaires et confisquer pas moins 136 mille litres d'essence, 7.958 portables, 453 véhicules, 100 mille pièces d'habillement et 60 mille cartouches de cigarettes. Tout cela sans compter d'autres jolis coups de filet concernant la saisie de plus de 1.145 kilos de drogue (dont trois kilos d'héroïne) et de 165 pièces d'armement diverses (fusils, révolvers, kalachnikov ...). Nouveau danger Ce score, faut-il le souligner, est certainement flatteur. Et il aurait pu être meilleur n'eût été cette longue fuite sécuritaire au cours des premiers mois de l'après-révolution et marquée par un extraordinaire «déficit» en matière de vigilance et de présence dissuasives. Or, le fléau de la contrebande en Tunisie, jusqu'ici peu prospère parce que peu varié a pris récemment des proportions pour le moins alarmantes, dans la mesure où il commence à toucher deux secteurs sensibles, à savoir les armes et les denrées alimentaires de première nécessité. Concernant les armes, nos douaniers ainsi que nos policiers sont unanimes à reconnaître qu'il s'agit là d'un nouveau mode de trafic contre lequel notre pays était, jusque-là, vacciné et immunisé. Et pour espérer pouvoir en contrecarrer la poussée, ils mettent l'accent sur la double nécessité de : – Primo : augmenter le degré d'alerte et de vigilance aux postes frontaliers, et cela par le renforcement des effectifs en exercice et l'amélioration des moyens logistiques mis à leur disposition. – Secundo : synchroniser davantage les efforts de collaboration et de coordination des opérations avec les douaniers algériens et libyens, étant donné que ce trafic tire sa force de l'étendue des frontières entre les trois pays. Venons- en maintenant au trafic clandestin des produits alimentaires de première nécessité pour dire, tout de go, que l'heure est venue pour déclencher la sonnette d'alarme. En effet, selon un dernier bilan, il a été procédé à la saisie de 4,5 tonnes de couscous, 18 tonnes de pâtes alimentaires et 2 tonnes de lait concentré. Et dire que ce genre de denrées coûtent les yeux de la tête pour la caisse générale de compensation ! Un besoin de sécurisation Que faire alors pour endiguer ce nouveau fléau ? Pour deux douaniers sur trois, «les mesures de vigilance prises récemment par l'Etat, si elles sont rigoureuses et prometteuses, n'en demeurent pas moins insuffisantes. Car elles devront être obligatoirement accompagnées d'une autre batterie de mesures tendant à sécuriser davantage les douaniers, ainsi que les policiers et les agents de Garde nationale, lors de l'exercice de leur tâche ingrate et désormais dangereuse aux portes de nos frontières». Il est vrai que ces vaillants agents ne comptent plus les actes d'agression dont ils furent victimes en plein boulot, particulièrement à Skhiret, Kairouan, Zaghouan, Nabeul, Zarzis, Médenine et Ras Jedir. Çà et là, faut-il le rappeler, des agents ont été tabassés, d'autres…pris en otage, sans compter les postes incendiés! Et ce n'est pas un hasard si nos douaniers ont fini par déclarer leur ras-le-bol, en déclenchant dernièrement leur propre sit-in. Auront-ils droit à des jours meilleurs ?