Amine Chiboub en est à son troisième court-métrage. Après Contretemps en 2006 et Obsession en 2009, il produit et réalise Pourquoi moi ?. Comme ses précédents, ce court-métrage a pu être visionné par le public grâce à des projections collectives, dans des événements comme « Le jour le plus court » de l'Institut français de Tunis et « Tunis tout court » de l'Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique. Son jeune réalisateur a pris l'initiative de lui consacrer une projection presse, mercredi dernier, à la salle Amilcar à El Manar, en sa présence et celle de l'équipe du film, «parce qu'il passe dans des circuits pas forcément visibles pour les médias», dit-il. Comme tout court-métrage, il trouve sa chance dans les festivals plus que dans les salles. Une occasion pour appeler à renouer avec des traditions comme la projection d'un court-métrage avant chaque long-métrage, dans les salles de cinéma. Une idée abandonnée bien que bénéfique pour le secteur cinéma tout court. Quant à la télévision, on n'a cessé, dans les colloques et même dans des consultations nationales, de conclure que le petit écran devrait donner plus au grand. La Wataneya 2 a déjà une émission, «Taswirti horra» (mon image est libre), consacrée aux courts-métrages tunisiens. Nessma TV compte elle aussi se lancer dans le créneau, mais est-ce suffisant? Il faudrait toute un politique dans ce sens, avec une stratégie claire et efficace. Bref, pour en retourner à Pourquoi moi?, partout où il est passé, ce film a été remarqué pour sa qualité technique et artistique. C'est l'un des courts-métrages qui sortent du lot, promettant peut-être des lendemains heureux pour le cinéma en Tunisie. En tout cas, l'on serait bien curieux de voir un premier long-métrage après cela. En attendant, dans Pourquoi moi ?, « Tijani, le PDG, se fait disputer par sa femme au téléphone. Il fait passer sa colère sur son assistant qui, lui, ira se défouler sur la secrétaire, qui se défoulera à son tour sur le coursier. Le coursier, une fois sorti du bureau, propagera cette mauvaise humeur à l'ensemble de la ville». Pendant 13 minutes, des situations comiques s'enchaînent, imaginées par Amine Chiboub, d'après une idée originale de Naoufel Saheb Ettabaâ. Une écriture maîtrisée par laquelle l'auteur tend un miroir à la société et la fait rire de ses propres défauts. Un film qui ne regarde pas le spectateur de haut, où tout un chacun peut se retrouver. La comédie est un genre pas assez présent dans nos productions cinématographiques. Pourtant, elle devrait. Elle pourrait accomplir ce que les longs-métrages tunisiens des dix dernières années ont eu du mal à accomplir : drainer et séduire le grand public. Au fond, interpeller l'intelligence du spectateur tout en lui offrant du divertissement, n'est-ce pas là l'essence même du septième art?