S'il y a un chantier ouvert dans notre pays et qui ne laisse personne indifférent en cette période de transition démocratique, ce serait celui des médias et plus précisément le métier de journaliste. Mais qui dit journaliste ou communicateur, dit tout de suite, un besoin immodéré de formation et de recyclage d'une armada de plumes et d'utilisateurs de microphones, après 23 ans de dictature, marqués souvent par le mutisme et la servitude. Or en Tunisie, le volet de la formation des professionnels du quatrième pouvoir a toujours été pris en charge en grande partie par le Capjc, un établissement public à caractère administratif (EPA) créé il y a presque 30 ans. Gros plan sur une institution à la croisée des chemins, ayant besoin de réformes et de restructuration drastique. En juillet dernier (le 11-07-2011 plus précisément), les fonctionnaires du Centre africain de perfectionnement des journalistes et des communicateurs (Capjc) ont accueilli avec beaucoup d'espoir la nomination de notre confrère Abdelkarim Hizaoui comme directeur général de leur établissement. Une désignation tout à l'honneur de cet antre de la formation vu le CV bien fourni du nouveau DG du Capjc, comme en atteste sa biographie express bien mise en évidence sur le site officiel du centre «capjc.nat.tn». Loin des vieux réflexes de trop cultiver le culte de la personnalité, nul ne peut douter de la bonne volonté du nouveau locataire du bureau aux portes capitonnées sis au premier étage du 9, rue Hooker Doolittle à Tunis. Certes, en consultant la page d'accueil du site du Capjc, on remarque (même si l'adresse URL du centre présente plutôt un site mono-média qu'une plateforme informative pluri-média-Ndlr) que depuis la prise de fonction du nouveau directeur général, la grille des programmes conduits dans ce bastion de la formation continue était riche et variée du point de vue quantitatif (pour ce qui est du qualitatif, seuls les formés peuvent en juger). Bref, tout laisse à croire qu'il y a une vive motivation de la part du staff du Capjc pour redorer le blason de cette institution comme en témoigne la nouvelle grille de formations du premier semestre 2011 qui affiche 18 sessions de formation bien panachées avec des thèmes fort intéressants. Mais si l'envie d'aller de l'avant est très prononcée dans ce nouveau programme, un lourd héritage, fruit de plusieurs années de laisser-aller dans la gestion du Capjc, a tendance à laisser les fenêtres de cet établissement public fermées au vent du changement. Tout d'abord selon M. Hizaoui, à notre surprise générale, le nouveau directeur général du Capjc n'est qu'un chargé de mission auprès du Premier ministère et non pas un DG nommé officiellement. Il nous a déclaré aussi : «Depuis plus de deux mois, je ne peux pas disposer du budget mis à la disposition du Capjc. Et nous vivons depuis à crédit». Pis encore, M. Hizaoui nous a montré un document tiré d'un registre logé dans une boîte d'archives qui nous a laissé un peu abasourdi. Il s'agit d'un procès-verbal de la dernière réunion archivée du conseil d'administration du Capjc et du conseil scientifique datant du 22 avril 2003. Les faits sont graves car un tel document nous laisse devant deux hypothèses : soit qu'il y a eu d'autres réunions de ces deux conseils et qu'il y a eu négligence de la part des archivistes, soit que depuis presque 9 ans, le conseil scientifique du Capjc est aux abonnés absents. Alors se pose la question suivante : qui a préparé la nouvelle grille de formation du premier semestre de 2012, surtout que le centre est doté d'un seul fonctionnaire chargé de la formation ? Décidément, comme le dit bien le proverbe arabe : «Une seule main ne peut applaudir». Certes le nouveau directeur général du centre, malgré plusieurs aberrations et un cadre juridique du centre à réformer, un flou total en ce qui concerne le budget et un conseil scientifique toujours non constitué sur des bases solides, fait de son mieux avec les moyens du bord, mais jusqu'à quand ? A bon entendeur, salut