• Sit-in aujourd'hui «Les policiers en ont ras-le bol. D'abord, de l'indifférence de leur ministère qui ne lève pas le petit doigt face aux actes de violence dont ils sont quotidiennement victimes de la part de délinquants notoires et des opérations de pillage et d'incendie ciblant leurs lieux de travail. Ensuite, du black-out que les médias opposent à nos mouvements de protestation et aussi aux agressions dont nous sommes l'objet et qui ont touché jusqu'à nos familles et nos domiciles privés. Enfin, de la poursuite injuste du sentiment d'absence de confiance et de suspicion manifesté par les citoyens à l'égard des forces de sécurité, en dépit de toute l'œuvre de conciliation et de communication entreprise depuis la révolution du 14 janvier en vue de briser le mur d'incompréhension et de rejet qui a toujours caractérisé les rapports citoyen-forces de l'ordre». Les propos du secrétaire général du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, Abdelhamid Jarraya, ont été on ne peut plus clairs et tranchants, à l'occasion de la conférence de presse que le syndicat a tenue, hier, pour annoncer l'organisation, aujourd'hui, d'un sit-in de protestation auquel participeront uniquement les membres du syndicat national et ceux des sections régionales et d'une marche, qui démarrera à partir du siège du ministère de l'Intérieur jusqu'à la place du Gouvernement à La Kasbah, et ce, demain, jeudi, à partir de dix heurs du matin. Pour une législation qui accompagne la révolution et ses objectifs Le secrétaire général du Syndicat national des forces de sécurité intérieure est revenu sur le rôle joué par les forces de l'ordre dans la réussite de la révolution (arrestation des Trabelsi, retrait des forces de l'ordre de la rue, initiative du colonel Salem Sik Salem pour sauver le pays du vide juridique après la fuite du président déchu) et dans l'organisation, le 23 octobre 2011, des premières élections démocratiques, libres et transparentes dans l'histoire de la Tunisie. «Seulement après l'installation du gouvernement Jebali, nous avons été surpris par la poursuite de la campagne de harcèlement, de dénigrement et d'agressions répétées qui nous visait et qui était orchestrée par une catégorie de Tunisiens qui cherchent par tous les moyens à faire avorter la révolution et à empêcher la concrétisation de ses objectifs. Malheureusement et face à cette ambiance d'insécurité et de danger que nous vivons quotidiennement aussi bien sur nos lieux de travail que dans nos propres domiciles, nous avons le sentiment que nous sommes lâchés et par les partis politiques et l'ensemble des composantes de la société civile et par le gouvernement Jebali qui n'a pris aucune position jusqu'ici contre les auteurs des agressions qui touchent presque chaque jour les postes de police et les agents dans la rue et même chez eux», a-t-il tenu à préciser. Chokri Hamada, porte-parole du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, prend le relais pour souligner : «Les revendications de notre syndicat ne sont ni matérielles ni sociales. Elles sont purement professionnelles et elles rejoignent les demandes exprimées par les Tunisiens appelant à faire face, avec vigueur et dans le respect de la loi, aux délinquants et hors-la-loi qui sèment le désordre et les troubles, dans l'indifférence générale et le silence inquiétant du ministère de l'Intérieur qui tarde incompréhensiblement à répondre à nos propositions relatives à la mise en œuvre immédiate d'une législation qui dépasse les lois n°4/1969 et n°70/1982 qui sont dépassées par les événements, ne répondant pas aux impératifs de la protection de la révolution et ne garantissant pas de protection aux forces de sécurité lors de l'accomplissement de leurs fonctions». Un livre blanc pour rien Répondant aux questions des journalistes, Abdelhamid Jarraya et Chokri Hamada ont notamment relevé que «la sécurité est une responsabilité engageant l'ensemble de la société avec ses partis politiques, ses associations et ses organisations ainsi que les citoyens qui sont appelés à sortir de leur position attentiste et à se mobiliser pour soutenir les efforts des forces de l'ordre qui ne peuvent à elles seules, dans la situation actuelle du pays, assurer la sécurité des biens et des personnes». «Nous avons soumis nos propositions au ministère lors de la rencontre que nous avons eue lundi 30 janvier 2012 avec le directeur général des affaires juridiques qui nous a fait la promesse d'examiner nos suggestions, sans plus». Quant au livre blanc préparé par l'ancien ministre Lazhar Akremi, chargé de la Réforme sécuritaire, «il a été mis en œuvre sans que notre syndicat soit invité à y participer. D'ailleurs, nous considérons que la réforme ne peut réussir qu'à condition qu'elle démarre du terrain, loin des bureaux feutrés et des décisions qui tombent d'en haut. Toutefois, nous appelons toujours a être associés aux programmes de réforme, laquelle réforme demeure marginalisée au sein du ministère qui donne encore l'impression de fonctionner comme à l'époque de Ben Ali». Quelles solutions immédiates à mettre en place dans l'attente de la promulgation d'une loi qui remplacerait les lois n° 4/1969 et n° 70/1982 ? Chokri Hamada et Abdelhamid Jarraya appellent à la criminalisation des attaques perpétrées contre les forces de sécurité et contre les postes de police et annoncent que le syndicat poursuit ses efforts en vue de parvenir à une conciliation effective entre les forces de l'ordre et les citoyens dans le but de rétablir les vérités et de lever toutes les équivoques. «Ainsi, sommes-nous en train de finaliser une émission de télévision sur les martyrs de la révolution, y compris ceux des forces de sécurité. L'émission verra la participation des familles des martyrs (civils et sécuritaires) et permettra de dévoiler plusieurs réalités qui surprendront beaucoup de gens», précise-t-il. La Ltdh appelle à la neutralité de l'institution sécuritaire La Ligue de défense des droits de l'Homme (Ltdh) a dénoncé les agressions perpétrées contre des agents de la sécurité intérieure dans certaines régions durant l'accomplissement de leur mission, exprimant sa profonde préoccupation de l'aggravation de ces actes ainsi que sa sympathie avec les familles des victimes. Elle a appelé, dans un communiqué rendu public hier, toutes les composantes de la société civile à la nécessité d'assurer la neutralité de l'institution sécuritaire et sa restructuration dans le cadre de la transition démocratique en vue de renforcer son rôle au service du citoyen et de l'application de la loi et non au service de l'intérêt de certaines parties.