Pour beaucoup de familles, le Mouled n'aura pas cette année le goût du zgougou. Vous l'avez bien compris, il s'agit de la fameuse assida aux graines de pin d'Alep, agrémentée et garnie de fruits secs, préparée et dégustée à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed, une fête bien ancrée dans les traditions religieuses et culturelles des Tunisiens. La hausse des prix, qui sévit depuis plusieurs mois et qui n'épargne aucune denrée, aucun produit de consommation, s'est abattue également sur le fameux zgougou et en a fait grimper le prix à des niveaux inadmissibles atteignant 25 dinars le kilo avant de baisser très légèrement à 20 dinars le kilo, prix du marché, alors que le produit était disponible en quantités suffisantes. Désabusés, bon nombre de consommateurs ont dû renoncer à l'assida d'autant plus que les tarifs appliqués sur les fruits secs ont cette année dépassé l'entendement. Ainsi soit-il, et comme le dit si bien l'adage, autant faire «contre mauvaise fortune bon cœur» et se résigner à savourer une bonne assida bidha de farine et de miel. Par ailleurs, le Mouled est avant tout une fête que les musulmans célèbrent dans la ferveur et la piété, ainsi que dans la solidarité. L'occasion est, à cet effet, propice pour tendre la main à son prochain et, par ce froid glacial, d'un geste, réchauffer les cœurs et le foyer d'une famille démunie. Entre-temps, les spéculateurs, qui se sont fait pousser des ailes pendant cette révolution, n'ont plus qu'à remballer leurs marchandises et à les stocker pour des jours peut-être plus lucratifs. Ils auront encore une fois raté l'occasion de se rendre utiles et en même temps de se remplir les poches.