De notre envoyé spécial à Lyon Anis SOUADI A chaque fois qu'il est question de développement durable, les mots-clés sont : sécurité, bien-être et responsabilité vis-à-vis des générations futures. Une trilogie qui incite à trouver le juste milieu entre les exigences du développement et la santé de la nature et donc de l'environnement. C'est bien là l'une des orientations stratégiques retenues par les différents participants aux ateliers de travail qui ont précédé le forum francophone préparatoire à Rio +20, qui se tient aujourd'hui et demain à Lyon et Saint-Etienne. Un rendez-vous qu'on qualifie déjà d'incontournable et de stratégique, car il aurait pour mérite d'établir un état des lieux des activités menées en perspective par les programmes de développement durable depuis les sommets de Rio 1992 et Johannesburg 2002, ce qui permettrait, d'un autre côté, d'identifier une sélection de pratiques et d'initiatives pertinentes dans leur contribution au développement durable au sein de l'espace francophone. Mieux encore, ce forum traduit clairement la volonté des pays francophones, comme le signifie Mme Fatimata Dia Touré, directrice de l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la francophonie (Iepf), dans le sens «d'être de plus en plus actifs au niveau des différentes phases du processus de développement durable et d'en assurer un apport plus positif». Ce besoin de dynamisation des engagements est d'autant plus nécessaire que «le bilan des réalisations de Rio, depuis 1992, est plutôt décevant. Aujourd'hui, il faut absolument réagir vite et trouver les approches adéquates». De ce fait, note un responsable de l'Organisation mondiale de la francophonie, «les pays de la francophonie sont tenus, plus que jamais, d'établir des positions communes à l'espace, chaque fois que cela est possible, en regard des événements relatifs à l'environnement et au développement durable. Ils sont tenus également d'anticiper les grandes décisions mondiales et régionales utiles au thème du développement durable et d'assurer une participation plus large dans les différentes manifestations internationales». Il précise, dans ce même contexte, que «le développement ne serait durable que s'il repose sur cinq piliers prioritaires: la gestion maîtrisée et saine des ressources naturelles, le progrès économique inclusif et continu, le développement équitable faisant appel à la tolérance et s'appuyant sur l'éducation, la formation, ainsi que la garantie de la démocratie et de l'Etat de droit à tous les citoyens et une large ouverture à la diversité culturelle et linguistique». Ces piliers, soutient-il encore, ne manqueraient pas de contribuer à la concrétisation des objectifs du millénaire qui concernent surtout la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim, la garantie de l'éducation primaire pour tous, la promotion de l'égalité , la maîtrise de la mortalité infantile et post-infantile, l'amélioration de la santé maternelle et la préservation de l'environnement. De son côté, Claude Villeneuve, professeur titulaire, directeur de la Chaire en éco-conseil, département des sciences fondamentales , université du Québec, estime «qu'il est nécessaire, aujourd'hui, de bien préparer la conférence de Rio +20. C'est pour cette raison que l'organisation internationale de la francophonie doit bien connaître l'état actuel de la gouvernance du développement durable dans chacun de ses Etats membres. Ce diagnostic mettra en évidence des indicateurs de développement durable, l'état des outils de la gouvernance et quelques exemples de bonnes pratiques. En plus de ce besoin pour chaque pays de mettre en place sa propre stratégie de développement durable (Sndd), Patrick Pedia, expert international, estime qu'il est important également de mettre en place une politique de financement fiable et régulière». Pour prétendre réellement à une telle politique, note-t-il, «il faut penser surtout à harmoniser tous les cadres institutionnels existants pour les placer sous une même coupole, afin de mieux coordonner les différentes actions, d'intégrer le développement durable comme une priorité gouvernementale où toutes les actions du gouvernement prennent en compte ses exigences et de financer essentiellement la mise ne œuvre de la Sndd à partir des budgets nationaux.»