Par Néjib KHLIF Le gouvernement tunisien vient de décider l'expulsion de l'ambassadeur de Syrie à Tunis, une décision qui a suscité une polémique sur la scène politique. Elle a été qualifiée de précipitée, logique, improvisée, souveraine, non étudiée… Pourquoi M. Marzouki et Ennahdha ont-ils décidé de faire cela le jour du vote du Conseil de sécurité ? M. Jebali, chef du gouvernement, parle d'une «décision de principe qui ne tolère aucune surenchère !». Est-ce vraiment une décision souveraine ? Personnellement, j'ai beaucoup de doute. Rien qu'à voir l'acharnement qatari sur la Syrie, poussé et appuyé par les USA, l'Angleterre, la France et les pays du Golfe, on est en droit de douter de l'indépendance de la décision tunisienne. Rappelons-nous l'appui immédiat apporté par notre ministre des Affaires étrangères au plan qatari d'intervention arabe armée en Syrie. Au conseil de la Ligue arabe, la présidence de l'actuelle session, qui revenait de droit à la Palestine, a été confisquée (à quel prix ? Par quel moyen ?) par Hamad Ben Jassem, le bras droit de l'émir du Qatar, pour imposer à ses pairs arabes l'agenda américain. Les observateurs arabes envoyés par la Ligue en Syrie ont remis un rapport accablant contre l'opposition syrienne et ses groupes armés et fanatiques qui terrorisent le pays. Il est du devoir de l'Etat syrien d'utiliser la force pour défendre la population et les acquis du pays contre des terroristes bien armés, qui s'infiltrent des pays limitrophes, avec la complicité et l'aide logistique et financière de la Turquie, la Jordanie, le Liban et l'Irak (pour les deux derniers pays sans la volonté de leur gouvernement) et le Qatar qui coordonne toute l'opération. Rappelez-vous le rôle joué par le Qatar dans l'affaire libyenne. Regardez aujourd'hui la Libye et ce qu'elle devient. Le Qatar prépare le même sort à la Syrie et s'acharne à y parvenir. Pourquoi? Franchement je n'ai pas de réponse. Le peuple syrien a le droit à la liberté, à la démocratie, à la justice et à la révolte pacifique contre le despotisme. Il est aussi du devoir des Syriens, même opposants, de rejeter toute ingérence étrangère et tout recours aux armes et au terrorisme qui n'aboutira qu'à la destruction de l'Etat et au démantèlement du pays. Regardez l'Irak… regardez la Libye… ayez pitié de la Syrie ! En tant qu'arabe et musulman, j'ai le droit de craindre le pire pour la Syrie: je ne défends pas un régime, encore moins une personne, je défends un pays que j'aime et que je considère comme le dernier rempart contre le sionisme et l'impérialisme américain et occidental, et je suis convaincu que la Syrie est visée à cause du rôle que je viens d'évoquer et à cause de ses alliances avec l'Iran, le Hezbollah au Liban et les organisations palestiniennes de libération. J'en appelle à tous les nationalistes et démocrates, musulmans ou non, pour contrer et déjouer les plans diaboliques que nos ennemis nous préparent.