Des amas de déchets dans toutes les rues et artères de la capitale sont constatés alors que la grève est à son premier jour. Les agents municipaux chargés de la propreté dans toutes les communes ont décidé, en effet, d'observer une grève de quatre jours car certaines demandes faisant pourtant l'objet de compromis n'ont pas été satisfaites par le ministère de tutelle. Il s'agit de l'institution du statut de base pour les agents municipaux et de l'octroi d'une prime déjà servie aux agents de réglementation municipale. Selon M. Naceur Selmi, de la Fédération des agents municipaux relevant de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt), «il n'y a pas de raison pour que les agents de propreté ne bénéficient pas de leur prime à l'instar des autres agents». Pourtant, une séance de travail a eu lieu avec le ministre de l'Intérieur qui n'a pas abouti à des résultats concrets. « Il n'a pas été possible de donner des promesses écrites pour pouvoir rassurer nos adhérents, souligne notre interlocuteur. Nous sommes contre l'arrêt du travail, mais l'obligation l'exige». Une autre réunion devait avoir lieu avec le ministre des Affaires sociales pour examiner les demandes des agents municipaux en vue d'arrêter la grève. « Les agents municipaux veulent travailler, estime M. Selmi, mais ils doivent bénéficier aussi de leur droit. Au cas où les demandes ne seraient pas satisfaites, le grève se poursuivra». Ces montagnes de déchets portent atteinte à l'aspect esthétique d'une ville qui a toujours attiré les touristes pour sa beauté et sa propreté. C'est dommage d'en arriver là aujourd'hui. «Un communiqué a été publié en février, suivi d'un sit-in de deux heures, mais cela n'a pas changé le cours des choses, constate notre interlocuteur. Le Conseil administratif a donc décidé cette grève». De son côté, M. Adel Laâribi, fonctionnaire à la municipalité de la Soukra, a confirmé les revendications des agents municipaux à savoir l'octroi de la prime et l'institution du statut de base. Il affirme, cependant, que la situation actuelle du pays «ne permet pas de déclencher des grèves pour des raisons matérielles». Et de constater que les prestations municipales ont connu, d'une façon générale, une dégradation sensible après la désignation des délégations spéciales. «Malgré cette situation, on ose encore faire des grèves ». Par le passé, par exemple, les agents municipaux étaient en mesure d'enlever chaque jour près de 120 tonnes de déchets ménagers, quantités ramenées à seulement 40 ou 45 tonnes environ ces derniers mois. «D'où la nécessité, selon notre interlocuteur, d'une intervention du ministère de l'Intérieur dans le cadre d'instructions directes à tous les agents municipaux afin qu'ils soient motivés de faire de leur mieux dans le travail ». En plus, certains agents municipaux ne semblent pas obéir aux ordre de leurs chefs hiérarchiques. Ils ne veulent pas travailler, par exemple, sur un camion qui manque d'un élément même si ce sont eux qui sont responsables des dommages causés aux véhicules. «La commune de la Soukra a pu mettre à l'abri plusieurs matériels et éviter ainsi leur endommagement suite aux actes de pillage et de destruction qui ont suivi la révolution», se souvient notre interlocuteur. Certains habitants ont accepté d'ouvrir leurs espaces pour abriter ce matériel utilisé pour leur intérêt et l'intérêt de la ville. «Les agents des municipalités observent une grève générale de quatre jours à partir du lundi 20 février. Cette grève touchera toutes les municipalités du pays», a affirmé M. Naceur Selmi, secrétaire de la Fédération des agents municipaux, relevant de l'Ugtt. Selon Shems FM, les revendications des grévistes sont basées sur la régularisation de leurs situations financières, vue l'impossibilité de parvenir à une solution avec le gouvernement : « Les grévistes revendiquent une indemnité spéciale ayant fait l'objet d'un accord avec le gouvernement, ainsi qu'une régularisation globale de leur situation», a ajouté M. Selmi.