La Société nationale immobilière (Snit), premier promoteur immobilier de la Tunisie qui a réalisé près de 300 mille logements, et qui a été chargée de projets spéciaux pour le compte de l'Etat, tels que le projet de rénovation du quartier Bab-Souika / Halfaouine, la gestion des biens des étrangers, la démolition des oukalas et des logements rudimentaires pour les remplacer par de nouvelles constructions, a vu sa pérennité menacée après la Révolution à cause d'une vague de squattage de son parc immobilier où quelque 850 logements nouveaux ont été pris d'assaut par des citoyens. Au grand dam des employés de cette institution citoyenne et des propriétaires, qui étaient au stade de finalisation de leurs contrats d'achat, le cri de détresse lancé à l'adresse des responsables ne trouvera aucun écho, dans le tumulte et la confusion qui ont gagné le pays durant l'étape de transition. Mais voilà qu'après une première opération d'évacuation de 163 logements sociaux d'une résidence sise à Sidi Hassine dans la localité de Séjoumi, l'espoir gagne de nouveau le cœur de l'entreprise. Aujourd'hui, le reste des logements squattés focalise le regard des autorités. La décision de l'évacuation par le biais de la force sera le dernier recours. Un dernier ultimatum est donné malgré les intentions de confrontation de quelques squatteurs. En effet, il y a quelques semaines, la Snit avait réussi à exécuter le premier verdict gagné dans l'affaire des logements sociaux individuels de Sidi Hassine dans la localité de Sejoumi, occupés illégalement après le 14 janvier par des squatteurs. L'évacuation des logements concernés, par la force, a permis à la Snit de récupérer les 163 logements. Au grand dam des citoyens en possession de promesses de vente légales, ils ne pourront pas investir les locaux, tellement les dégâts occasionnés par les usurpateurs sont énormes. En effet, les occupants illégaux ont délibérément endommagé les logements. Le constat établi par les agents et les experts de la Snit, fait état de dégâts importants : portes et fenêtres arrachées, sanitaires saccagés, réseaux électriques endommagés, toiture incendié, etc. Selon M. Fethi Ben Osman, directeur commercial à la Snit, les dégâts sont estimés à plus de deux milliards, rien que pour cette localité. Car, la Société nationale immobilière de Tunisie a intenté trois procès pour «usurpation de biens d'autrui » afin de récupérer 795 logements squattés illégalement par des citoyens dans les gouvernorats de L'Ariana, Ben Arous et Tunis. Ces logements sont situés dans le village de «Nour Jaafar» (406 logements), à Raoued, (gouvernorat de L'Ariana), à Fouchana (226 logements-gouvernorat de Ben Arous) et Sidi Hassine-Sijoumi (gouvernorat de Tunis). Ces logements destinés aux pères de familles dont le salaire ne dépasse pas le salaire minimum garanti, soit un salaire mensuel de 350 dinars, ont été squattés après la Révolution du 14 janvier 2011. Après avoir épuisé tout recours aux négociations à l'amiable et des représentants de la société et des propriétaires légitimes de ces logements, la société a été contrainte de porter plainte auprès des tribunaux de première instance de L'Ariana, de Tunis 2 et de Ben Arous. Il est à noter que ces logements vides au stade de finition faisaient déjà l'objet de contrats de vente entre la Snit et leurs propriétaires. Il n'empêche, les squatteurs, qui ont fait valoir leur droit à un logement digne, sont même allés jusqu'à chasser, agresser et violenter même les agents de la Snit, les propriétaires légaux de ces logements ainsi que les huissiers notaires qui leur ont adressé des mises en demeure. Afin de politiser l'affaire, les squatteurs iront jusqu'à manifester pour attirer l'attention des médias. Il n'empêche, la Snit a fini par gagner les procès dans les trois affaires et a obtenu des verdicts en sa faveur pour l'évacuation par la force publique des logements squattés. Cependant, les responsables de l'entreprise nationale allaient rapidement déchanter puisque les membres du gouvernement provisoire allaient se ranger du côté des squatteurs en gelant l'exécution de ces verdicts, de crainte des séquelles sociales qu'allait engendrer la polémique dans un pays qui passe par des zones de turbulence. Cependant, conscients des enjeux et de la gravité de la situation et craignant de subir les retombées négatives d'une telle affaire sur leurs entreprises, les agents et cadres de la Snit ont entamé des actions de protestation contre le mutisme de la tutelle. En effet, la pérennité de cette entreprise, premier promoteur immobilier national, régulateur du marché de l'immobilier dans le pays et premier bâtisseur dans les coins les plus reculés du pays, était menacée. Ces cadres et agents maintiendront la pression et déploieront beaucoup d'efforts pour sensibiliser les responsables politiques quant à la gravité de la situation. Et c'est après les élections de l'ANC et la formation d'un gouvernement légal qu'un premier verdict allait être exécuté. Cependant, ce laps de temps entre l'annonce du verdict et son exécution allait procurer du temps aux squatteurs pour occasionner délibérément et à leur guise des dégâts à profusion. Le directeur commercial estime à cet effet que le montant des dégâts occasionnés dépassera les six millions de dinars, selon les premières estimations. En effet, les logements en question ont subi de graves dégâts, occasionnés par les pillages et les incendies. Le constat effectué démontre que ces logements avaient servi de repaires pour « des malfaiteurs et non de foyers pour de paisibles citoyens en détresse ». D'ailleurs, l'entreprise compte poursuivre les malfaiteurs en justice pour les dégâts occasionnés. Par ailleurs, la Snit qui compte entreprendre rapidement la réparation des logements afin de les livrer dès que possible à leurs vrais propriétaires, a renforcé la sécurité dans ce chantier afin de dissuader toute nouvelle tentative de squat.