Kairouan n'est plus ce qu'elle était. Chaque génération l'a constaté et l'a dit à sa manière. Ainsi chacune des anciennes et belles demeures ne sont plus la proprieté d'une seule famille mais de dizaines d'individus qui possèdent des parts dans l'indivision. L'éclatement de la famille, le désintéressement des uns et des autres, la copropriété et les conflits d'intérêts ont porté préjudice au bâti des maisons de la Médina. En outre, beaucoup de maisons ont été détruites par leurs propriétaires et refaites avec des matériaux modernes qui ne répondent pas toujours aux normes de l'architecture kairouanaise faite avec de la brique traditionnelle. Il va sans dire que les institutions du patrimoine entreprennent périodiquement des actions d'envergure avec notamment la restauration des vieilles demeures et des éléments architecturaux (sabbates, arcades, ganaryas…). C'est dans ce contexte que l'ASM et le projet de développement intégré de Sidi Amor Abada organisent depuis le 13 février une exposition intitulée «L'habitat en péril». On y voit dans la première partie, à l'aide de photos grand format et de panneaux explicatifs, la richesse de l'architecture kairouanaise ainsi que les projets de restauration pour sauvegarder le tissu urbain et préserver l'authenticité de la Médina et les demeures qui menacent ruine. Ainsi, on admire les «moucharabiehs», les ornements sur les portes d'entrée à cloutage, les maisons disposant de différents espaces répondant aux activités ménagères et commerciales (makhzen, driba, skifa, hris, les caves, etc.). Sauvons notre patrimoine Dans la deuxième partie de cette exposition, on constate avec regret la situation dramatique de l'habitat menacé par une intense dégradation de ses habitations traditionnelles dont certaines menacent ruine ou bien risquent une démolition totale, ce qui va engendrer par la suite la destruction de ce tissu. En outre, certaines habitations manquent d'esthétique à cause d'une architecture bâtarde au niveau des couleurs, des formes, des matériaux utilisés, tels que l'aluminium qui a remplacé le bois. Enfin, on a exposé des synthèses relatives aux différentes réalisations du projet de développement intégré de Sidi Amor Abada ayant démarré au mois de septembre 2009 pour durer trois ans.