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Qatar : une grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un bœuf
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 02 - 2012


Par Rafik BEN HASSINE
Emirat minuscule par sa superficie et sa population, disposant d'une force de frappe financière sans équivalent, protégé par le suzerain américain, le Qatar joue les matamores et les fiers-à-bras sur la scène arabe. Nabot par la taille (11.500 km2) et par la population (1,7 million d'habitants, dont 85% d'étrangers), il est un mammouth par sa force de frappe économico-diplomatique. Avec un PIB de 88.000 dollars par habitant, c'est le pays le plus riche du monde. Cette richesse n'est pas le fruit d'une longue tradition scientifique, technologique ou culturelle, mais celle d'une rente gazière sortie des sables. Cet émirat détient le plus grand fonds souverain de la planète, Qatar Investment Authority, dont les avoirs sont estimés à environ 700 milliards de dollars.
Considérée auparavant comme infréquentable, la famille de l'émir qatari voit, aujourd'hui, tous les islamistes se transformer en courtisans : il faut dire que l'émir est des plus généreux avec ceux qui se font ses zélateurs. Le Qatar n'est évidemment pas fréquentable pour sa « démocratie » contenue dans les limites des studios d'Al-Jazira. Gavée de devises, cette presqu'île du Golfe pratique une politique d'intervention tous azimuts.
Une monarchie absolue. Au Qatar, la famille souveraine Al Thani détient seule le pouvoir. La base des lois du Qatar est la Chariaâ version wahhabite. En 1995, à l'âge de 43 ans, l'impétueux Hamad profite d'un séjour en Suisse de son pusillanime de père pour le déposer. Chez le cheikh Hamad, il n'y a pas d'opposition, pas de partis politiques, pas de syndicats, pas de presse libre, pas d'ONG, pas de droits de l'Homme (ni, a fortiori, de droits de la femme), pas de société civile, pas d'associations ..... Le Qatar est presque toujours d'accord avec les Etats-Unis lorsqu'il s'agit des conflits qui agitent la planète, y compris quand il s'agit de « casser » de l'Arabe, comme en Irak ou en Libye.
Une base militaire américaine. Lorsqu'il dépose son père, les Etats-Unis sont le premier pays à reconnaître le pouvoir de Cheikh Hamad. Le 11 décembre 2002, est signé, avec les Etats-Unis, un accord de coopération militaire. C'est également le Qatar qui a hébergé le «CentCom», le commandement opérationnel américain, qui a supervisé l'invasion de l'Irak, en mars 2003. Non loin de Doha, à une quarantaine de kilomètres, se trouve la base militaire El-Oudeid, la plus grande base aérienne américaine en dehors des Etats-Unis, et où stationnent plus de 120 chasseurs bombardiers F-16 et autres avions de guerre.
L'ami des Israéliens. Dans les années 1990, l'émir avait aussi noué un début de lien diplomatique avec Israël, pays avec lequel il restera en contact jusqu'à l'offensive de Tsahal contre la bande de Gaza, en janvier 2009. Jusqu'à cette date, l'émirat entretient de solides relations avec Israël sur les plans politique, militaire, diplomatique, sécuritaire et commercial. Lors du sommet économique d'Amman en octobre 1995, il y a eu la signature d'un mémorandum prévoyant la livraison à Israël de gaz naturel du Qatar. Un bureau commercial israélien s'est ouvert à Doha en septembre 1996. Ce bureau était alors plus important que l'ensemble des ambassades des pays arabes et islamiques à Doha.
Une rampe de lancement islamiste. Soucieux de ne froisser personne, le Qatar mène un jeu d'alliances à 360 degrés. Aux côtés de ses alliances américaines, le Qatar devient en même temps le sponsor et la terre d'accueil des islamistes sunnites de toutes obédiences, du prédicateur libyen Ali Al-Salibi à l'algérien Abassi Madani, en passant par le télé-coraniste égyptien Qaradawi et le Tunisien Rached Ghannouchi ... Sans oublier Oussama Ben Laden, l'ennemi public numéro un de l'Oncle Sam, dont les messages audio sont retransmis sur Al-Jazira.
Un interventionnisme néfaste. Dans le monde arabe, l'interventionnisme tous azimuts du Qatar suscite une exaspération croissante, y compris chez les Saoudiens. Venu mi-janvier assister aux célébrations du premier anniversaire de la révolution du jasmin, l'émir a été conspué par des milliers de Tunisiens qui l'ont accusé d'être le complice du plan israélo-américain visant à remodeler le Proche-Orient. Quelques jours plus tôt, l'émir avait été renvoyé de Mauritanie par son homologue, Mohamed Ould Abdel Aziz, ulcéré que son royal invité lui ait enjoint de dialoguer avec son opposition... islamiste.
Du soft power grâce à la chaîne Al-Jazira, au hard power par l'envoi des forces spéciales sur le terrain libyen, l'émirat veut s'imposer comme un acteur majeur de la transition en cours du nationalisme arabe vers le califat panislamique. L'émir du Qatar serait l'archétype du sixième calife annoncé, et son type de gouvernement en serait le modèle de califat. Le Qatar a demandé à la communauté internationale d'armer les insurgés syriens et a invité les pays arabes à prendre la tête d'un mouvement visant à mettre fin au pouvoir en place en Syrie. En réponse, Mme Clinton — La Grande Patronne — a sèchement signifié son opposition arguant, sur la chaîne CBS News, que le fait de livrer des armes à l'opposition syrienne reviendrait à aider Al-Qaïda et le Hamas, deux entités qui figurent sur la liste noire américaine des organisations terroristes, mais qui ont exprimé leur soutien aux propositions qataries.
Combien de temps cette business-diplomatie tapageuse peut-elle encore durer ?
Mise sur orbite par la volonté d'un homme et quelques accidents de l'Histoire, la fusée qatarie subira un jour ou l'autre des accidents imprévus qui l'obligeront à s'écraser sur Terre. A force de se faire le chantre d'une démocratisation qu'il récuse chez lui, le Qatar pourrait bien, à son tour, subir «un effet boomerang» des révoltes arabes.
Comme dans la fable de La Fontaine, à force de vouloir enfler pour ressembler au bœuf, la chétive grenouille finira par crever, comme un ballon de baudruche.
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant: «Regardez bien, ma sœur;
Est-ce assez? Dites-moi: n'y suis-je point encore?
- Nenni - M'y voici donc? -Point du tout. M'y voilà?
- Vous n'en approchez point.» La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.


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