A croire ce que prévoient les professionnels du secteur touristique tunisien, la saison prochaine sera encore difficile. M. Mohamed Belajouza, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie (FTH), ne cache pas ses craintes et déclare sur les colonnes de la toute nouvelle revue spécialisée Le Tourisme, même avec le nouveau gouvernement, les changements se font toujours attendre et toute la profession s'impatiente de voir des actions concrètes pour dynamiser le secteur. M. Belajouza se réjouit tout de même des prédispositions exprimées par le nouveau ministre du Tourisme. Dans une interview accordée à la même revue, M. Belajouza cite une étude prospective pour 2016 qui se limite à l'objectif de 10 millions de touristes. Un chiffre bien inférieur à celui déclaré par le ministre et s'élevant à 14 millions de touristes. Pour ce qui est de l'augmentation des prix, «elle aurait été envisageable, si une réforme était entreprise au niveau du secteur et de l'offre de la destination». D'après lui, le secteur et ses opérateurs attendent, depuis des années déjà, de véritables changements qui tardent encore à se mettre en place. Le premier responsable de la FTH avance un exemple qui traduit la mauvaise coordination des intervenants dans le secteur. La thalassothérapie, par exemple, basée essentiellement au sein des unités hôtelières, est gérée par l'Office du thermalisme et le ministère de la Santé : «Cela est une aberration», s'indigne-t-il. Il continue : «Je ne vois pas comment la promotion d'un tel produit pourrait se faire en dehors du secteur». M. Belajouza dénonce, par ailleurs, les opérations de promotion envisagées par l'Office national du tourisme tunisien et qui se basent essentiellement sur l'invitation des T.O et des journalistes, sans tenir compte de la qualité des invités et de leur point de vue dans la prise de décisions et sans se pencher véritablement sur des opérations plus ciblées. Pour lui «les budgets ne permettent pas des actions d'envergure, à travers des supports visuels». Sur un autre plan, et concernant les rapports entre la profession et l'administration, M. Belajouza accuse les anciens gouvernements «d'utiliser le secteur pour des fins peu saines... Toutes les politiques précédentes voulaient bien des hôtels pour assurer des entrées en devises et des emplois, mais ne voulaient pas d'hôteliers. Jamais la Fédération tunisienne de l'hôtellerie n'avait pu jouer son rôle de tuteur sur le secteur, tout comme l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat. Une gestion autonome nous permettrait de ramasser des fonds à travers la cotisation patronale, pour mieux appliquer nos politiques». Meilleure gouvernance Il explique : «La FTH vit des subventions de l'Etat puisées du fonds de compétitivité, lui-même financé par les hôteliers». Le plus grand souhait du président de la FTH serait que l'Etat accorde à son organisme le statut d'organisation patronale, pour pouvoir se prendre en charge. «Nous sommes en train de finir une étude, financée par l'Agence Française de Développement, sur la restructuration de la fédération». M. Belajouza assure que le gouvernement actuellement en place lui avait promis de faire du secteur un vecteur stratégique du développement, de résoudre le problème d'endettement des hôteliers, en plus de la révision de la politique de marketing et de l'augmentation des budgets de promotion. Le premier responsable de la FTH considère que rien n'a été fait, et d'ailleurs «il est impensable de promouvoir un produit et une offre perfectible. Il est d'ailleurs plus astucieux de réorganiser le dispatching des fonds que de les augmenter». Il s'attend à ce que le premier ministre «assure une meilleure gouvernance du secteur». Selon lui, une solution doit rapidement être prise pour surmonter les lacunes d'un secteur qui dépend, jusqu'à aujourd'hui, de plusieurs tutelles, souffrant essentiellement d'une mauvaise coordination. Lors d'une récente interview, accordée à une radio privée, M. Belajouza affirme que «malgré les efforts déployés pour la reprise du secteur touristique, les difficultés que rencontrent les entreprises hôtelières freineront la promotion de la saison touristique de l'année 2012». Selon lui, le secteur aperçoit des signes de reprise progressive du tourisme, à partir de l'année prochaine.