L'une des anciennes cités situées aux environs de la capitale, la place de Sidi El Béchir connaît chaque jour une affluence importante. Des centaines de personnes qui viennent d'autres cités pour faire leurs emplettes, compte tenu des prix abordables pratiqués dans le marché de la place. Un espace qui se caractérise par un trafic dense des véhicules et des piétons tout au long de la journée est situé dans un axe stratégique dans la mesure où il constitue un passage pour les véhicules qui veulent se rendre à la banlieue sud et ceux qui y viennent. La chaussée à deux sens est divisée par un terre-plein central où sont installés des panneaux publicitaires. La station de bus de la Transtu, tout juste en face du marché, est presque tout le temps comble puisque des dizaines d'usagers attendent l'arrivée de bus pour se rendre dans diverses directions. Le jet d'eau qui était installée auparavant au rond-point a été abandonné avant d'être supprimé. A partir de la place de Sidi El Béchir, il est possible d'aller à Bab Jedid et Bab Menara, à la rue El Jazira et à la Place Barcelone. Toutefois, le trafic quotidien semble gêner de plus en plus les taxistes. «Je suis obligé d'emprunter cette rue pour me rendre à la Kasbah, dit l'un d'entre eux. Mais la circulation est dense à certains moments de la journée, ce qui me fait perdre beaucoup de temps pour arriver. De plus, les véhicules de livraison des marchandises, surtout ceux transportant la viande, se garent de façon incorrecte causant l'arrêt total du trafic !». Organisation anarchique des vendeurs Au fil des ans, la place a connu une transformation remarquable avec l'ouverture de plusieurs locaux commerciaux et administratifs. On y trouve, en effet, des cabinets d'avocats, des opticiens tout juste à côté des gargotes et des commerçants en gros ou en détail des produits électriques et électroniques. Même le commerce informel et les vendeurs à la sauvette — qui exposent leurs produits à même le sol — ont élu domicile à cette place. Ce choix n'est pas fortuit car le nombre des gens qui fréquentent cet espace est déjà hautement important. Dans le marché où les vendeurs se sont organisés de façon anarchique, tous les produits agricoles et agroalimentaires sont disponibles à des prix relativement plus réduits que dans les autres marchés du centre-ville. Les consommateurs peuvent trouver des poulets vendus à la pièce à 3,500d et 4,000d, des pommes de terre à 500 millimes le kg, des tomates à 600 millimes, une botte d'oignons à 400 millimes... Même les viandes rouges à la qualité douteuse sont écoulées à des prix défiant toute concurrence comme c'est le cas pour la viande bovine commercialisée pour seulement 8d,000 le kg. Un marchand de légumes se félicite du fait que «depuis qu'il a commencé ses activités dans ce marché, il fait des bénéfices conséquents, ce qui n'était pas le cas quand il travaillait dans un marché au centre-ville». On reconnaît toutefois que cette place se distingue par son infrastructure assez usée par le temps et par les multiples interventions des services publics pour mener des travaux. Ainsi, les façades – surtout celles des immeubles et des commerces – sont dans un état délabré, preuve qu'elles n'ont pas été badigeonnées depuis longtemps. Des bâches et des couvertures usées et poussiéreuses sont dressées ici et là, ce qui rend encore plus laid cet axe stratégique de la capitale. Dans le marché, le sol devient boueux à la moindre pluie et des étangs se constituent dans plusieurs parties de la place y compris devant la célèbre mosquée érigée sur une large superficie. Dégradation de l'aspect esthétique De l'autre côté de la place et juste près des immeubles, une salle de jeux pour les jeunes, des kiosques, des boutiques de prêt-à-porter, des pâtisseries et toujours ces gargotes en mal d'hygiène et de propreté . Pourtant, tous ces commerces sont bien achalandés presque à tout moment de la journée. Le mobilier urbain ne semble pas organisé et géré d'une façon rationnelle et homogène. Au fil des ans, les propriétaires et les habitants de la place ont pris l'initiative sans prendre l'avis des architectes ou des spécialistes pour effectuer des travaux de bâtiments dans un souci de les améliorer. Mais le résultat obtenu est tout à fait le contraire : la vue générale et l'aspect esthétique ont connu une dégradation sensible. Des cafés sont également très fréquentés à la place de Sidi El Béchir. La propreté constitue le premier défaut remarqué par les consommateurs surtout au niveau des toilettes. L'espace non-fumeurs n'est pas toujours disponible dans ces établissements où l'on sert du narguilé tout au long de la journée. Avec l'amélioration des conditions climatiques, les cafetiers ont commencé par sortir leurs tables sur les trottoirs transformés en terrasses. Les piétons sont obligés d'emprunter la chaussée et d'encourir des risques. La place Sidi El Béchir , toujours cacophonique, mérite aujourd'hui une mise à niveau de l'infrastructure et du mobilier urbain en vue de les moderniser et d'améliorer un tant soit peu l'aspect esthétique. Le circuit réservé au marché aux fruits et légumes doit faire l'objet d'une maintenance à travers la mise en place de stands bien protégés pour chaque vendeur et en installant les commodités d'usage comme les points d'eau et le sanitaire. Un carrelage du sol – avec l'installation des regards pour l'évacuation des eaux pluviales – permettrait une meilleure circulation des visiteurs. Le trottoir hors du marché devrait, lui aussi, avoir un carrelage cohérent et moderne sans négliger la chaussée à consolider. Pour conférer plus de confort à cette cité, les habitants devraient être invités à badigeonner les façades en effectuant, le cas échéant, les travaux de maintenance et de rénovation. En cas de refus, la commune pourrait intervenir en faisant supporter le coût des travaux au propriétaire ou co-propriétaires. Il est nécessaire également de gérer de façon optimale le tissu urbain en évitant l'installation de nouveaux commerces dans l'anarchie. Les vendeurs ambulants pourraient, par exemple, être regroupés dans l'espace libre couvert à côté du marché, même si certains préfèrent exposer leurs produits à même le sol et à ciel ouvert.