Décidément, la guerre des chiffres et la valse des taux ne sont pas près de disparaître aussi bien des discours officiels que des communiqués émanant des différentes organisations ou associations. Ainsi, plus d'une semaine après la tenue des élections des conseils scientifiques au sein des universités tunisiennes, les calculettes fonctionnent toujours et l'on ne sait toujours pas qui a remporté les élections, tellement les chiffres fournis par l'Uget, l'Ugte ou le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s'entremêlent et donnent du fil à retordre à ceux qui cherchent à s'éclairer sur les taux de réussite de chacune parmi les deux principales organisations estudiantines. L'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) annonce dans un communiqué daté du 19 mars (dont une copie est parvenue à La Presse) avoir «remporté une victoire éclatante dans la majorité des institutions universitaires, et ce, en dépit du manque de moyens matériels et des entraves dressées par les autorités de tutelle qui ont tout fait pour empêcher des milliers d'étudiants parmi les partisans de l'Uget de participer aux élections». «En dépit de cette politique qui nous rappelle les pratiques du régime déchu, poursuit le communiqué, l'Uget a réussi à réaliser des résultats historiques lors de ces élections et a remporté 194 sièges sur les 297 que ses candidats visaient, soit un taux de réussite de 65,31%». Et le communiqué de l'Uget de préciser encore que quelque 45 institutions universitaires n'ont pas vécu d'élections (pour insuffisance de candidats, comme le précise le ministère de l'Enseignement supérieur), que près de 100 sièges sont encore en compétition et que l'Uget pourrait en gagner une bonne partie au cas où les élections s'y tiendraient. Seulement, les chiffres que comporte le communiqué rendu public le 16 mars par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (répercuté par l'Agence TAP et repris par plusieurs journaux de la place) viennent contredire largement ceux avancés par l'Uget. D'abord, le nombre de sièges restés vacants pour cause d'absence de candidats s'élève à 44 et non à 100, comme le prétend la déclaration de l'Uget signée de la main de son secrétaire général, Ezzeddine Zaâtour. Ensuite, le nombre des institutions universitaires où les élections ont été reportées ne dépasse pas 4 instituts et écoles supérieurs, alors que seules cinq institutions ont enregistré une absence de candidatures, ce qui contredit les affirmations de l'Uget selon laquelle 45 établissements universitaires n'ont pas participé à la fête électorale. Enfin, le ministère relève que le taux préliminaire de participation aux élections avoisine les 20%, alors que le communiqué de l'Uget ne propose aucune indication sur ce même taux et se contente de publier le nombre de sièges remportés par ses candidats dans certaines universités (22 sièges à La Manouba, 33 sièges à l'université de Carthage, 23 sièges à l'université Tunis-El Manar, etc.). Pas encore de résultats définitifs Comment les étudiants relevant du mouvement Ennahdha réagissent-ils aux chiffres rendus par le ministère de l'Enseignement supérieur et aux résultats que l'Uget soutient avoir réalisés ? Pourquoi tardent-ils à publier le nombre de sièges qu'ils ont remportés ? Pour Zied Boumakhla, porte-parole des étudiants nahdhaouis, «il n'y a pas encore, jusqu'à maintenant, de résultats définitifs et précis. Les chiffres publiés par l'Uget prêtent à confusion et ne peuvent que pousser au doute. Les responsables de cette organisation doivent publier les listes des candidats ayant gagné les élections avec les noms des étudiants concernés et ne pas se contenter de balancer des taux que personne ne peut vérifier». «A l'Union générale tunisienne des étudiants (Ugte), nous sommes en phase de collecte des résultats réalisés par nos candidats. Nous nous engageons à publier, dans les prochains jours, les listes de nos candidats élus et à révéler leurs noms ainsi que les noms des élus indépendants et qui sont proches de nos choix et orientations», souligne-t-il encore. Il tient à préciser que le retard enregistré, jusqu'ici, dans l'annonce du nombre de sièges gagnés par les étudiants nahdhaouis, «relève de notre attachement à fournir à la presse des informations fiables, crédibles et qui ne souffrent aucune contestation».