LONDRES (Reuters)‑— Quasi inconnu des électeurs il n'y a pas si longtemps, Nick Clegg a bouleversé le paysage politique britannique lors du premier débat télévisé de la campagne pour les élections législatives de jeudi. Le chef de file des libéraux-démocrates, qui a propulsé son parti à la deuxième place des sondages, a depuis volé la vedette au conservateur David Cameron, donné gagnant depuis deux ans. Le mode de scrutin majoritaire à un tour ne lui laisse que peu d'espoir de rivaliser avec les deux grandes formations en terme de sièges, mais il sera sans doute l'arbitre d'un scrutin qui s'annonce si serré que la Chambre des Communes risque d'être privée de majorité claire. Nick Clegg n'a pas exclu de former une coalition gouvernementale avec les travaillistes, à condition que Gordon Brown quitte Downing Street. "Je pense que beaucoup (...) trouveraient un peu étrange que quiconque reste au numéro 10 (Downing Street) en arrivant dernier en terme de suffrages", a-t-il déclaré mardi dernier. Depuis qu'il a pris les rênes de sa formation en décembre 2007, Nick Clegg s'est démarqué d'un programme jusqu'alors centré sur l'impôt et les dépenses publiques. Il a ainsi renoncé à des engagements coûteux au profit de quatre grands thèmes‑— une fiscalité plus équitable, une hausse du budget de l'enseignement primaire, l'investissement dans les infrastructures et la réforme des institutions. Europhile Face à un déficit budgétaire britannique record, Nick Clegg assure que son parti serait le "garant du bon sens" sur fond de querelles entre conservateurs et travaillistes. Il prône un "Conseil pour la stabilité financière" issu d'un accord entre partis. "Nous sommes garants du fait qu'aucun risque ne sera pris avec la situation financière de la Grande-Bretagne, quelle que soit l'issue des élections", a-t-il dit en mars à Birmingham. Bien que les libéraux-démocrates aient obtenu 22% des voix en 2005, les médias britanniques ne leur accordaient guère de place. Les règles de campagne exigeant des interventions plus équilibrées ont toutefois permis à Clegg de se faire entendre et de briller lors de ce fameux débat télévisé du 15 avril, premier du genre en Grande-Bretagne. Deux autres ont suivi depuis. Né le 7 janvier 1967 d'une mère néerlandaise et d'un père à demi russe, Nicholas William Peter Clegg est le plus "europhile" des principaux chefs de parti britanniques. Bilingue anglais-néerlandais, il parle aussi français, espagnol et allemand. Il a épousé une avocate espagnole, Miriam Gonzalez Durantez, rencontrée à Bruxelles, qui lui a donné trois fils. Nick Clegg a été conseiller auprès de la Commission européenne avant de devenir eurodéputé en 1999, poste qu'il a quitté pour briguer avec succès la circonscription de Sheffield Hallem (Yorkshire) en 2005.