La situation aux postes de Ras Jédir et Wazen-Dhéhiba ainsi que le long de la frontière tuniso-libyenne n'a jamais été stable trois jours de suite. Chaque jour des norias de véhicules transportant des produits subventionnés et du DAP perturbent le trafic . Ils veulent soit franchir le poste sans se conformer aux procédures administratives, soit bloquer carrément la circulation. Jeudi dernier, ils étaient 150 à agir ainsi. Des troupeaux de camélidés et des camions chargés de bétail sont également contrôlés, jour et nuit , dans des pistes agricoles, en direction de la Libye, par des patrouilles mobiles. Dans l'autre sens , la contrebande de carburant est toujours opérationnelle. Des quantités d'hydrocarbure pénètrent dans les localités de Touay , Dhahret El-Khos, Estil, Machhed Salah...Mais , il faut dire que de l'autre côté de la frontière, les patrouilles se sont renforcées dernièrement. D'ailleurs, le prix des 20 litres d'essence a augmenté de 18 à 28 D à Ben Guerdane. Pour composer avec une ambiance pareille, les forces de l'ordre étaient contraints de fermer, de temps à autre, et provisoirement le poste de Ras Jédir. Les douaniers ont porté, plus d'une fois, le brassard rouge, sans quitter leur poste de travail. Sur le chemin qui mène de Ben Guerdane à Ras Jédir , se trouve le camp de Choucha qui inquiète et préoccupe aussi bien les autorités tunisiennes que l'Unhcr. Il compte, à présent 3.024 personnes, entre réfugiés et demandeurs d'asile. Mais le problème épineux est celui des 272 d'entre eux qui n'ont pas été acceptés comme réfugiés et qui ne sont pas sous mandat de l'Unhcr. Entre-temps, le nombre total de ceux installés dans ce camp a augmenté par 56 arrivées de la Libye , 26 nouveau-nés et 74 Somaliens (Harraga) repêchés par les gardes-côtes tunisiens et transférés à Choucha. D'autre part, la détérioration des services et de l'infrastructure du camp préoccupe également l'Unhcr. Les travailleurs remerciés observent un sit-in, à proximité du camp et empêchent l'accès des ONG pour y effectuer le travail de tous les jours. Tout cela influe sur la vie de tous les jours à Ben Guerdane. C'est la raison pour laquelle une grande manifestation pacifique est programmée, aujourd'hui, à partir de 9 h00, au centre-ville. Ses organisateurs sont ceux qui pratiquent le change, sur le trottoir, le long de l'avenue qui mène vers la route de Ras Jédir, appuyés bien sûr par quelques associations et autres partis politiques : «Nous sommes les premiers à avoir payé les frais. Nous revendiquons le renforcement des agents de l'ordre et que ceux qui sont là redoublent d'effort et interviennent à temps quand il le faut. Nous avons remarqué un peu de laxisme; c'est la raison pour laquelle nos voisins libyens auraient changé d'itinéraire pour emprunter le poste Wazen- Dhéhiba; nous sommes ainsi les premiers perdants», nous confie Mohamed R.Un message clair adressé au ministre de l'Intérieur, en premier lieu.