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II-Zhong Guo, la Nation du Milieu
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 05 - 2010

IL y a des mythes qui ont la peau dure. Ils traversent les siècles et résistent à toutes les évidences. Il en est ainsi du mythe chinois de la forme géographique de la planète Terre. Celle-ci, selon la croyance des anciens Chinois, n'est ni ronde, ni sphérique ni elliptique. Elle est carrément carrée, si l'on peut dire. Les Chinois occupent évidemment le milieu du carré terrestre, et tous les autres, y compris et surtout «les barbares», sont relégués au peu d'espace qui reste, c'est-à-dire aux quatre coins, ou plutôt aux quatre angles de la terre.
C'est sans doute cette croyance naïve qui est à l'origine de l'appellation séculaire «Empire du Milieu». Il y a un siècle, le dernier Empire chinois s'est écroulé, mais le mythe tient toujours. La Chine, étant devenue République sous Sun Yat-sen et République populaire après la révolution de 1949, ne peut plus s'appeler l'Empire du Milieu ? Qu'à cela ne tienne, elle s'appellera Zhong Guo, littéralement la Nation du Milieu en chinois. C'est l'appellation qu'on trouve dans les documents officiels et sur les billets de banque. Il n'y pas un autre mot pour désigner la Chine en chinois, sauf Zhong Guo.
Malgré cet acharnement égocentrique séculaire, la Chine n'a réellement jamais été au centre du monde. Certes, les Chinois ont bâti l'une des premières et des plus grandes civilisations dans le monde, mais ils ont toujours été sur la défensive, victimes des attaques de la part des «barbares» au point qu'ils ont passé deux mille ans à construire ou reconstruire le mur le plus long jamais érigé par l'homme pour se défendre.
Ce siècle sera-t-il celui où la Chine va enfin mériter le nom qu'elle porte, Zhong Guo, la Nation du Milieu, le centre du monde, l'endroit où seront prises les décisions qui influenceront la marche de l'humanité ? En un mot, la Chine s'apprête-t-elle à prendre le relais des Etats-Unis et Pékin la place de Washington‑?
Quand, en 1978, sous l'instigation de Deng Xiaoping, ils avaient décidé de briser les entraves de l'idéologie et de se mettre sérieusement au travail, les Chinois n'avaient aucune certitude de pouvoir remporter rapidement la bataille du développement. Dans son livre célèbre, Alain Peyrefitte rapporte des propos que lui avait tenus le Premier ministre chinois, Chou En Lai, au début des années 1970‑: «La Chine part d'une base terriblement arriérée. Il lui faudra au moins cent ans pour rattraper son retard sur les pays industriellement avancés».(1)
Visiblement, l'ancien Premier ministre sous Mao Ze Dong sous-estimait un peu trop les ressources humaines et naturelles de la Chine. Si l'on prend pour repère l'année 1978, celle où la Chine avait décidé de changer son fusil d'épaule, on voit bien qu'il n'a fallu que moins d'un tiers de siècle pour que la Chine rattrape et devance même la plupart des pays industriellement avancés.
Pour se rendre compte, il faudrait se promener une journée dans les rues de Pékin. On dit «rues» seulement par réflexe, car à Pékin il est difficile de trouver des rues et encore moins des ruelles. En vingt ans, la capitale chinoise est devenue méconnaissable. Elle ne comporte plus maintenant que de très larges boulevards et d'immenses artères qui s'étendent sur des centaines, peut-être des milliers, de kilomètres, toutes comportant des doubles voies et chaque voie comportant trois ou quatre couloirs qu'envahissent les 3,5 millions de véhicules qui sillonnent 24 heures sur 24 l'agglomération pékinoise.
Pékin, aujourd'hui, est une forêt de buildings et de gratte-ciel plus hauts les uns que les autres. Béton, verre et acier sont les matériaux dominants. Partout où l'on va et de quelque côté que l'on se tourne, la vue est bloquée par des monuments architecturaux qui composent les hôtels de luxe, les administrations modernes, les banques, les grands groupes industriels et commerciaux chinois et étrangers, les compagnies d'assurance, etc.
De cette infinité de buildings flambant neufs, celui qui laisse le plus rêveur est la Banque centrale de Chine. En effet, on ne peut pas ne pas rester rêveur en passant devant cette majestueuse bâtisse et en pensant aux attributs de puissance jalousement cachés dans ses sous-sols‑: 3.000 milliards de dollars en devises et en bons de trésor, faisant de la Chine la banquière de la planète.‑Dix pour cent de ce que produit le monde comme richesses en une année reposent dans les sous-sols de cette institution. Et c'est sur ce trésor que compte la Chine pour renforcer sa puissance à l'intérieur et étendre son influence à l'extérieur.
Beaucoup de Chinois donnent l'impression qu'ils sont toujours en train de s'écarquiller les yeux face à tant de progrès réalisés par leur pays en si peu de temps. Des progrès d'autant plus remarquables que le fardeau démographique est lourd. Aujourd'hui, les Chinois se rendent compte du mal fait au pays par l'orthodoxie communiste qui avait longtemps soutenu que le problème n'est pas dans le nombre de la population, mais dans la mauvaise organisation de la société. Beaucoup de citoyens chinois avec qui nous avons parlé sont unanimes pour dire que si la Chine comptait deux fois moins de monde, leur vie serait doublement meilleure et leur pays aurait déjà occupé la première place, en surclassant les Etats-Unis qui comptent un milliard d'âmes de moins que la Chine.
De simples citoyens sont convaincus qu'un jour «très proche», leur pays deviendra le centre du monde et donnera enfin un contenu concret au mythe ancien du carré terrestre dont le milieu est occupé par les Chinois et les angles par les étrangers…
Mais quand ce jour viendra, comment se comporteront les Chinois‑? Wang Yu Hui, jeune femme cadre dans une agence touristique en vogue à Pékin, est formelle‑: «Nous sommes très différents des Américains. Nous resterons toujours modestes, car nous sommes les enfants et les disciples de Confucius. Et l'une des plus importantes leçons du sage chinois est qu'aussi haut qu'on puisse monter, on aura toujours besoin d'apprendre quelque chose chez les autres».
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Alain Peyrefitte, «Quand la Chine s'éveillera…», Fayard, 1973, page 363


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