Bien avant le démarrage effectif de ses vols prévu pour le 29 avril, la nouvelle compagnie privée de transport aérien Syphax Airlines semble confrontée à des difficultés sérieuses à même de l'empêcher d'entamer ses activités. Aussi, le syndicat de base de la compagnie Tunisair a-t-il décidé de bloquer les pistes à partir desquelles les avions de Syphax Airlines s'envoleront vers leurs destinations. Pour quel motif les syndicalistes de Tunisair ont-ils pris cette décision et quelle est la réaction des responsables de la compagnie nationale ? Une source informée auprès de Tunisair s'est contentée de répondre à nos questions en soulignant que «l'affaire ne concerne pas la direction de la compagnie qui ne désire pas ajouter à la confusion régnante actuellement entre les deux sociétés». Côté syndicat de base de Tunisair, Karim Loumi, l'un des membres du comité du syndicat en question, précise : «Au départ, quand le projet de création de la compagnie Syphax Airlines a été soumis à l'approbation du ministère du Transport, il était question que tous les vols qui seront assurés par la nouvelle société décolleront à partir de l'aéroport de Sfax. A Tunisair, on nous a demandé de coopérer avec la nouvelle société, de manière à ce que les deux sociétés soient complémentaires. On a convenu également que les vols qui ne pourraient pas être assurés par Tunisair seront cédés à Syphax Airlines et dans ce cas, ils décolleront à partir de l'aéroport Tunis-Carthage». «Seulement, poursuit encore Karim Loumi, les données ont changé, à notre grande surprise, puisque le directeur général de Syphax Airlines vient de demander à ce que le premier vol de sa société programmé pour le 29 avril décolle de l'aéroport Tunis-Carthage vers l'aéroport Charles-de-Gaulles à Paris, ce qui est contraire à l'accord déjà conclu. Nous considérons que le problème est actuellement entre les mains de l'autorité de tutelle. Nous nous demandons comment le ministère du Transport se permet d'accorder une autorisation à une société privée pour qu'elle effectue ses décollages et atterrissages à l'aéroport Tunis-Carthage alors que la Compagnie nationale vit de réelles difficultés et bénéficie, en outre, de la priorité d'exploiter ces pistes, comme convenu auparavant». Nous exigeons des actions concrètes Le syndicat de base de Tunisair envisage-t-il de recourir à la grève au cas où le gouvernement outrepasserait l'accord et permettrait à Syphax Airlines de voler à partir de Tunis ? Karim Loumi souligne : «Nous avons déjà adressé trois correspondances à l'administration et toujours pas de réponse. Nous avons demandé également une audience auprès du ministre et nous attendons toujours. Toutefois, et même si les accords conclus avec Syphax Airlines ne seront pas respectés, nous n'envisageons pas de faire grève à ce moment précis où Tunisair commence à souffler un peu et à envisager de sortir du tunnel. Nous sommes attachés à notre engagement à soutenir la nouvelle société et nous nous en tenons aux déclarations du ministre du Transport qui a réaffirmé dans sa conférence de presse, jeudi 19 avril, que la priorité est accordée à la Compagnie nationale. Nous appelons le ministère à passer à l'action et à concrétiser ses engagements». Pour ce qui est de la position de Syphax Airlines, qui avance que trois sociétés étrangères bénéficient déjà du droit d'exercer leurs activités sur l'aéroport Tunis-Carthage, notre source syndicale précise que ces sociétés ne sont pas encore fonctionnelles et qu'elles entameront leurs travaux au cours de la saison estivale et ajoute que «leur entrée en fonction intervient après trois années de négociations et la signature d'un accord définissant leur champ d'action de manière à ne pas toucher aux intérêts de Tunisair». Y a-t-il une solution en vue dans le sens d'éviter l'escalade et de satisfaire les deux parties ? On apprend, dans cet ordre d'idées, «qu'une séance de travail est prévue aujourd'hui, samedi 21 avril, entre le ministre du Transport et les responsables des deux compagnies, Tunisair et Syphax Airlines. Au menu, la recherche d'une solution qui aura l'aval des deux sociétés, tout en faisant en sorte de préserver le droit à la priorité en faveur de Tunisair». Karim Loumi, membre du bureau du syndicat de base de Tunisair, est convaincu que «le dernier mot revient au ministère qui demeure l'arbitre de tout litige». De son côté, Mohamed Frikha, P.-d.g. de Syphax Airlines, précise que sa compagnie a déjà signé «un contrat avec Tunisair en vertu duquel la société publique garantit à sa compagnie une assistance aéroportuaire dans tous les aéroports de Tunisie, y compris celui de Tunis-Carthage». Il ajoute qu'une avance financière a été déjà payée à Tunisair. En réponse aux déclarations du syndicat et de la responsable du département communication de Tunisair (cette dernière ayant préféré ne pas répondre à nos questions), Mohamed Frikha souligne avoir obtenu de la part de la direction générale de l'aviation civile «une autorisation nous permettant d'utiliser tous les aéroports en Tunisie».