• Conçu pour abriter des polyhandicapés et des autistes, la situation de l'Institut de promotion des handicapés laisse à désirer et les défaillances sont nombreuses. L'absence d'une assistance à ces démunis est criarde. Etat des lieux. Une salle à usages multiples sert de réfectoire à des enfants dont le sourire vous emporte. L'innocence qui se dessine sur leurs visages est significative malgré des visages meurtris par la peine de ces enfants cloués dans des chaises roulantes usées et enfermés dans des salles étroites et dont la détresse se lit sur leurs visages et en dit long. La bâtisse qui s'offre à nos yeux n'est autre que le centre Agim Khaznadar chapeauté par l'Association des insuffisants moteurs. La tranche d'âge de ces enfants varie entre 3 et 15 ans. Fragilisés par la vie et les épreuves difficiles par lesquelles ils sont passés, ces enfants connaissent les affres de la pauvreté et du handicap. Le centre spécialisé pour la prise en charge des handicapés aurait pu leur offrir un refuge adéquat, pour les aider à affronter les aléas de la vie et les difficultés engendrées par leur handicap. Ce centre est constitué de salles étroites et exiguës jouxtant des toilettes à l'odeur nauséabonde. Cette situation de handicap exige un personnel formé et un environnement adapté ainsi que le matériel nécessaire. «La politique socio-éducative est un échec et il est urgent de repenser les méthodes pédagogiques actuellement pratiquées», souligne une éducatrice spécialisée qui dénonce l'absence de formation de personnel spécialisé. La rupture de dialogue entre l'administration du centre et le personnel opérant constitue un problème majeur soulevé par la majorité de kinésithérapeutes et éducateurs spécialisés, travaillant au sein de cette institution. Par ailleurs, des éducateurs spécialisés ont soulevé le problème de la mentalité qui sévit au sein de la société et qui est, aujourd'hui, responsable de la marginalisation des handicapés. Il existe 289 centres spécialisés à travers la République. Dans la plupart de ces centres, le droit des personnes handicapées est bafoué, et l'absence de personnel médical et paramédical et d'éducateurs spécialisés est frappante. Le personnel œuvrant au sein de ce centre a relevé qu'après la révolution les handicapés ne constituent plus la priorité de l'Etat. «Les handicapés sont marginalisés et 80% d'entre eux sont pauvres. La tutelle ignore leurs problèmes», indique une éducatrice spécialisée avertie. Dans ce centre, les catégories difficiles côtoient de près les porteurs de handicap lourd. Certains sont agités, suffoquant dans une salle servant à la fois de salle de loisirs et de réfectoire. «Ce sont les femmes de ménage qui, à défaut d'éducateurs spécialisés, s'occupent des handicapés . Les psychologues et le personnel médical sont une denrée rare dans ce centre. On lance un appel aux autorités de tutelle afin de venir en aide au centre et à ces démunis ». Renflouer les caisses de ce centre pose un autre problème que le personnel tente de faire parvenir au ministère de tutelle. Ce sont les handicapés qui paient les frais de ce laisser-aller: cloués toute la journée sur une chaise roulante, ils ne jouissent d'aucune activité ludique, faute de moyens. Dans ce centre, les cris des malvoyants, des sourds, des autistes et des polyhandicapés se mêlent à ceux des éducateurs et des femmes de ménage débordés et lessivés dans cet espace peu accueillant. La gestion de ce centre doit être totalement revue. Volet ressources humaines: l'équipe travaillant dans cet établissement doit être renforcée par des auxiliaires pour mieux prendre en charge les personnes à besoins spécifiques, nécessitant un accompagnement tout au long de la journée. La situation des employés de ce centre est précaire et nécessite une intervention urgente du ministère de tutelle. Un chiffre alarmant et des droits bafoués L'Etat est appelé à instaurer, de toute urgence, l'égalité des chances. Parents pauvres de la Révolution, les handicapés sont au nombre déclaré de deux cent mille (40% de handicapés moteurs, 28% de handicapés mentaux, 12% de handicapés auditifs, 11% de handicapés visuels et 5% autres types de handicap). Ceci étant, la réalité est encore plus sombre. En effet, le nombre de personnes handicapées est plus élevé et atteint réellement près de cinq cent mille. La politique actuelle ignore leurs droits qui ne sont pas non plus garantis par le projet de la prochaine constitution. Il faudrait responsabiliser tous les ministères, la société civile et les entreprises afin de promouvoir la situation des handicapés. F.R.