• En augmentant le nombre d'entreprises à fort taux d'intégration, notre industrie sera moins dépendante de l'extérieur, notamment pour ce qui concerne les matières premières et les produits semi-finis dont les prix connaissent des fluctuations avec des révisions à la hausse. L'amélioration du taux d'intégration des entreprises tunisiennes peut avoir, à terme, des répercussions positives sur l'économie d'une façon générale. Mais pour atteindre cet objectif ambitieux, plusieurs paramètres doivent être respectés et pris en compte. En effet, il est important que le promoteur dispose de l'investissement nécessaire, ainsi que du savoir-faire et des connaissances pointues dans un domaine donné. Au fil des ans, le taux d'intégration a connu dans certaines entreprises industrielles un accroissement remarquable, mais du chemin reste encore à parcourir, notamment au niveau des petites et des moyennes entreprises qui ne disposent pas souvent des fonds nécessaires pour effectuer leur intégration totale au niveau de la production. L'intégration industrielle d'une entreprise permet de fabriquer un produit —de préférence à haute valeur ajoutée— dans un circuit fermé avec l'utilisation des composantes locales en interne sans avoir besoin d'importer des matières ou des produits semi-finis de l'extérieur ou de sous-traiter. Cette intégration peut être réalisée, soit après des années d'expérience cumulées par l'entreprise avec la contribution de tout un effectif de techniciens bien rôdés, soit immédiatement selon un plan-clé en main. Partenariat entre deux investisseurs tunisiens Certes, dans le secteur de l'électronique, à titre d'exemple, certaines entreprises —qui font travailler une main-d'œuvre qualifiée nombreuse— se sont spécialisées dans l'assemblage pour la fabrication d'appareils électroniques. Grâce à ce travail à la chaîne et qui ne connaît pas de répit, ces entreprises ont pu élargir le porte-feuille clients pour les fidéliser et réaliser, par conséquent, un chiffre d'affaires conséquent. Avec le temps, ces entreprises pourraient améliorer progressivement leur taux d'intégration en se consacrant à la fabrication de certains composants importés d'habitude de certains pays asiatiques ou autres. L'intégration peut commencer dans des secteurs dont les techniques sont déjà maîtrisées par les professionnels tunisiens comme c'est le cas, à titre d'exemple, dans les secteurs des industries agroalimentaires, des matériaux de construction, du cuir et de la chaussure ainsi que dans certains segments du secteur du textile et de l'habillement. Pour constituer le capital de l'entreprise et pouvoir investir des sommes importantes dans la recherche et le développement, le partenariat entre deux investisseurs tunisiens pourrait être bénéfique. Dans le secteur agroalimentaire, le producteur agricole —dans les arbres fruitiers, les olives à trituration, les plantes médicinales...— peut s'associer à un industriel qui dispose des équipements et du matériel de travail en vue de constituer, en partenariat, une entreprise de transformation des produits agricoles, qui pourrait commercialiser ses produits sur le marché local mais aussi sur les marchés extérieurs et réaliser des bénéfices significatifs. Chaque région tunisienne dispose, en principe, de ses matières premières qui peuvent être exploitées dans l'industrie avec un taux d'intégration élevé. En augmentant le nombre d'entreprises à fort taux d'intégration, notre industrie sera moins dépendante de l'extérieur, notamment pour ce qui concerne les matières premières et les produits semi-finis dont les prix connaissent des fluctuations avec des révisions à la hausse, ce qui alourdit les charges de l'entreprise. Le choix gagnant pour le futur est donc une meilleure intégration de l'industrie grâce à une utilisation optimale des ressources nationales. Cependant, ces ressources naturelles doivent être utilisées de façon rationnelle afin de les protéger et assurer leur durabilité. Pour que l'entreprise puisse garantir sa pérennité, elle doit disposer, bien entendu, d'un approvisionnement continu des matières premières locales. Au cas où ils ne seraient pas associés dans une seule entreprise avec les industriels, les producteurs agricoles auraient le droit alors de conclure des contrats de production pour fournir à temps les quantités des matières premières demandées en vue de leur transformation dans les délais impartis. Progressivement, l'intégration des entreprises industrielles peut passer du secteur de transformation agricole et du secteur tertiaire à des secteurs plus pointus qui requièrent des connaissances poussées en matière de technologie numérique et en électronique. La Tunisie compte déjà plusieurs compétences qui ont pu faire leurs preuves dans de grandes firmes à l'étranger. Faute d'équipements sophistiqués, ces compétences sont obligées de se limiter au niveau local à certains travaux qui ne révèlent pas tout leur talent. C'est sur ces compétences qu'il faut compter à l'avenir pour créer des entreprises à forte valeur ajoutée et dont le taux d'intégration locale est élevé. Les chercheurs doivent avoir tous les moyens de travail dont ils ont besoin pour qu'ils puissent innover et mettre les résultats de leurs travaux à la disposition des entreprises industrielles. Une stratégie industrielle visant l'augmentation du taux d'intégration pourrait avoir des résultats positifs à terme et immuniser notre industrie de toute perturbation qui pourrait avoir lieu sur les marchés extérieurs fournisseurs des matières premières et des produits semi-finis.