«Les événements douloureux qui se sont déroulés à Sidi Bouzid, durant la nuit du samedi 19 au dimanche 20 mai, sont désormais du ressort de la justice qui a décidé d'ouvrir une enquête judiciaire qui aura pour objectif d'identifier les auteurs des actes de violence et d'incendie ayant ciblé des dépôts de boissons alcoolisées dans la ville ainsi que les menaces contre les ouvriers et les propriétaires de certains bars». C'est là en substance les éclaircissements fournis par une source informée auprès du ministère de l'Intérieur à propos de la nuit de la «peur et de l'intimidation» que les habitants de la ville de Sidi Bouzid ont vécue le week-end dernier suite à l'incendie provoqué samedi soir par les salafistes d'un dépôt d'alcool suscitant la colère de quelques habitants et des vendeurs d'alcool. Cet acte ne s'est pas produit par hasard puisqu'il intervient à la suite de la demande exprimée par les salafistes qui «ont appelé, dès vendredi 18 mai, les propriétaires des bars et des point de vente d'alcool à fermer leurs locaux avant qu'ils n'aient recours à la force pour imposer leur décision». La même source au ministère de l'Intérieur ajoute «pour protester contre les actes de violences et d'intimidation dont ils ont été l'objet, les habitants et les vendeurs d'alcool ont mis le feu à des pneus devant la mosquée située au centre-ville et ont même tiré avec un fusil de chasse sur la mosquée en question». Avec le déplacement des autorités judiciaires accompagnées du gouverneur de la région, le calme est revenu et la situation s'est décantée. Réagissant à ces événements, le ministre de la Justice, Noureddine B'hiri, a, notamment, déclaré sur les ondes de la radio privée Express FM : «Je dis à ces gens là (les salafistes) qui pensent que l'Etat a peur d'eux, que la promenade est terminée et que ceux qui dépassent les lignes rouges seront punis». Dans le même ordre d'idées, notre source auprès du ministère de l'Intérieur relève que «l'Etat est le seul garant des libertés individuelles et de l'application de la loi. Nous rejetons toutes les pratiques illégales visant à obliger quiconque à commettre un acte quelconque pour n'importe quelle raison, sous la menace ou la pression. L'Etat s'opposera à tous ceux qui ont choisi la violence et l'intimidation pour contraindre leurs concitoyens à se soumettre à leur volonté par la violence». La même source précise que les investigations se poursuivent encore et qu'aucune arrestation n'a été enregistrée jusqu'ici. Quant au rassemblement qui a réuni, dimanche dernier, plusieurs milliers de salafistes à Kairouan, «aucune dérive n'a été constatée et les choses se sont passées normalement sans qu'aucun acte de violence ou dépassement n'ait été enregistré. Les forces de sécurité ont suivi le déroulement de cette manifestation et n'ont décelé aucune irrégularité», souligne encore notre source. Il est à préciser que le parti Ettakatol a publié, hier, une déclaration dans laquelle il exprime «son inquiétude face aux pratiques dangereuses auxquelles ont recours certaines parties dans le but de porter atteinte à la stabilité du pays». Ettakatol appelle, d'autre part, les composantes de la société civile à la vigilance et à faire face à «ces violations menaçant les libertés individuelles et l'équilibre de la société».