• En juin prochain, la Tunisie participera à Rio + 20, la 3e conférence des Nations unies sur le développement durable. Vingt ans après le Sommet de la Terre (Rio 1992), qui avait jeté les bases du développement durable, RIO+20 entend réhabiliter ce concept en renforçant l'économie verte et remplacer ainsi la récession du système capitaliste par ce qu'on appelle désormais la croissance verte. Les limites du modèle de développement capitaliste marquées par la succession de crises économiques et financières internationales et l'augmentation constante du chômage, poussent les grandes puissances à réfléchir sur d'autres alternatives pour booster l'économie mondiale et mettre fin aux menaces de faillite pesant sur de nombreux pays en commençant par la Grèce. La grande alternative serait l'économie verte avec tout ce qu'elle entraîne comme intégration de systèmes de production, de consommation et d'innovation liés à l'écologie, au développement durable et au respect des droits des générations futures à un environnement viable. La communauté internationale semble déterminée à aller plus loin sur cette voie, puisque le prochain rendez-vous planétaire, RIO + 20, s'est fixé comme principal objectif d'identifier des pistes et des voies de partenariat permettant dorénavant de miser sur la croissance verte pour sortir de l'impasse du chômage, de l'endettement et de la récession. C'est avec le slogan « En route pour Rio + 20 : partenariat innovant pour une économie verte » que la Tunisie, représentée par le ministère de l'Environnement, s'apprête à participer à la conférence onusienne en juin prochain. Selon la ministre de l'Environnement, Mme Mamya El Banna, Rio+20 vient dans un contexte de lacunes évidentes des modèles de développement et à un moment où le concept d'économie verte est proposé à l'échelle internationale même s'il ne fait pas l'unanimité. L'économie verte se base essentiellement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, sur l'économie d'énergie et sur la rationalisation de l'exploitation des ressources naturelles. Elle suppose l'adoption de procédés industriels et agricoles de production et de consommation propres et économes liés, en bout de chaîne, à des concepts écologiques de base : la récupération des déchets, leur recyclage et la dépollution. Pour la ministre de l'Environnement, le défi consiste à exploiter efficacement cette filière et à la perpétuer et la conférence de RIO de juin 2012 est une occasion pour accélérer le processus de l'économie verte et de réinventer les mécanismes de transition macroéconomique vers cette économie verte. Et les multinationales... Cette dynamique économique à vocation écologique et environnementale existe, en fait, déjà et l'on se pose la question : pourquoi n'a-t-elle pas connu un plus grand essor ? « Les 20 dernières années ont été consacrées à la sensibilisation de la population mondiale sur l'environnement et l'importance de sa préservation ; en matière d'économie verte, il y a encore beaucoup à faire », souligne M. Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne en Tunisie. Et pour cause. « En 1992, on comptait 5 milliards d'habitants sur la Terre, aujourd'hui, nous sommes 7 milliards ; la pression est par conséquent plus forte sur les ressources naturelles, il faut donc trouver d'autres manières de travailler avec ces ressources et surtout trouver d'autres ressources », explique l'ambassadeur précisant encore que ce problème est mondial et doit donc être résolu dans le cadre d'un partenariat mondial élargi. L'économie verte implique de nouveaux procédés technologiques et donc des investissements. Les pays du Sud en ont-ils les moyens? « Il faut de l'argent certes, mais c'est surtout un problème de conscience ; il faut donc trouver des idées et adopter un modèle participatif qui associe toutes les parties », indique encore le représentant de l'Union européenne. L'Europe a réussi, depuis le début des années 90, à développer les énergies renouvelables « mais n'a pas beaucoup avancé en matière de lutte contre la pollution et dans le domaine de l'efficacité énergétique ». La stratégie « Europe 2020 » prévoit à ce titre l'utilisation efficace des ressources et une série de nouvelles mesures concernant les matières premières, l'efficacité énergétique et la biodiversité, outre des feuilles de route pour « décarboniser » l'économie, les énergies et les transports. L'UE considère parmi les objectifs de RIO+20, la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. La conférence onusienne devrait également convenir d'un agenda mondial valable autant pour les pays développés que pour ceux en voie de développement. Pour préparer sa participation à RIO+20, le ministère de l'Environnement a organisé un colloque, le 21 mai courant, en vue d'explorer et mettre en place un cadre de partenariat innovant ainsi que de dégager des pistes d'actions concrètes pour appuyer les cadres institutionnel, juridique, technique et financier. Les ministres de l'investissement et de la coopération internationale et du développement régional ont participé à ce colloque aux côtés des représentants de l'Union européenne ainsi que des instances internationales et des bailleurs de fonds, tels que l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la francophonie basé au Canada, la coopération allemande GIZ, la BAD, l'Onudi. Au cours des travaux, les débats entre experts nationaux et internationaux ont tenté d'échanger et de confronter leurs perceptions sur l'économie verte et la gouvernance. La ministre de l'Environnement a lancé un appel de Tunis pour soutenir l'émergence d'un nouveau partenariat innovant dans le monde pour une économie verte, partenariat incluant un engagement des multinationales.