• Le verdict est prévu dans dix jours, selon le président de la Cour • Pour que l'affaire Dreyfus n'ait pas lieu en Tunisie, selon les accusés Tous les prévenus dans le procès de l'affaire des martyrs de Thala, Kasserine, Tajerouine et Kairouan ont plaidé non coupables et réclamé un non-lieu au terme de l'ultime séance des plaidoiries au cours de laquelle une douzaine d'avocats se sont relayés au barreau pour assurer la défense de quatre accusés, en l'occurrence Moncef Krifa, général dans la police, Houcine Zitoun, commissaire, chef de secteur, Waël Mellouli, officier, et Aymen Kouki, inspecteur de police, tous en liberté. La défense a fait ressortir des erreurs procédurales à même d'annuler le procès, selon certains avocats qui ont estimé que ce procès n'est pas fondé, tant les charges contre les accusés sont faibles et n'ont aucune consistance, notamment en ce qui concerne les charges de complicité dans un meurtre, dans la mesure où les vrais auteurs de ces actes commis lors des événements sanglants de la première phase de la révolution n'ont pas été identifiés. L'avocat Lotfi Dablou s'est même dit convaincu que le procès est basé sur de simples accusations et non sur des preuves tangibles, indiquant que les charges retenues à titre d'exemple contre son client (Moncef Krifa) sont dénuées de tout fondement. Me Adel Ben Arfa a assuré auparavant que la Cour n'a pas respecté le code de procédure pénale, notamment au niveau de l'article 22 qui exige la présence d'au moins deux membres de la sécurité au procès ainsi que l'article 132 qui exige l'ouverture de l'enquête au moment des faits alors qu'elle n'a été ouverte que vers la fin de février, soit plus d'un mois après les faits survenus, estimant que le bilan des preuves est faible pour son client (Khaled Marzouki, officier). Il a même montré que les faits reprochés à son client sont nuls dans la mesure où les analyses balistiques ont montré que la victime Ahmed Boulaâbi, dont il est accusé d'être l'assassin, a été tuée d'une balle de calibre 7,62 mm, alors que l'arme à feu dont il était en possession était une mitrailleuse de calibre 5,56 mm. Il a en outre précisé que l'arme du meurtrier fait partie, selon lui, des armes utilisées en général par les «snipers» ou tireurs d'élite. Dans leur requête, tous les prévenus ont réaffirmé leur confiance dans la justice militaire et réclamé, en bloc un non-lieu. Dans sa requête, l'ancien directeur général de la sûreté nationale, Adel Touiri, a même souhaité que le cas du capitaine français Alfred Dreyfus, qui a été condamné en 1896 au bagne pour espionnage au profit de l'Allemagne avant d'être réhabilité plus tard en 1930 et promu au grade supérieur après qu'on eut découvert le vrai coupable «Esterhazy», ne se répète pas en Tunisie. Aussitôt le président a précisé que les délibérations vont prendre quelques jours, peut-être bien une dizaine, avant que le verdict ne tombe. Il sera annoncé en séance plénière. L'affaire a démarré en novembre dernier et aura duré, donc, près de six mois avec la tenue de près de dix audiences, dont celle des plaidoiries qui ont démarré le 14 mai et pris fin hier après-midi.