La Journée d'étude organisée, hier par le centre Ifeda pour les associations sur le thème : «Quel rôle pour les associations dans la consécration des fondements de la gouvernance et la lutte contre la malversation» a révélé, à travers les débats et les échanges qui l'ont jalonnée que nos associations, plus particulièrement les jeunes associations qui ont vu le jour après la révolution du 14 janvier, souffrent d'un manque flagrant de communication entre elles et d'un déficit évident de visibilité pour ce qui est des parties auxquelles elles doivent s'adresser ou auxquelles elles sont invitées à soumettre leurs requêtes ou leurs demandes. Aussi, la plupart des questions et interrogations posées par les participations (représentants d'associations venus de tous les coins de la République) aux trois conférenciers qui ont animé la journée de réflexion ont-elles tourné autour du concept même de la malversation, sur ce que les associations doivent faire pour répandre la culture de la lutte contre la malversation et sur la nécessité d'une conscientisation générale et d'une mobilisation partagée afin de lutter contre toutes les menaces de retour de la dictature. Quatre points de croissance dans le vent Pour Abderrahmane Ladgham, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de la Gouvernance et de la Lutte contre la malversation, «il est important d'aller à la rencontre des représentants de la société civile, d'écouter leurs préoccupations et de sonder leurs propositions quant à la meilleure stratégie à mettre en œuvre en vue de lutter, avec l'efficacité escomptée contre toutes les formes de malversation et de corruption. Il est impératif que le secteur associatif ait son mot à dire pour ce qui est de l'éradication de la malversation qui nous coûte deux points de croissance par an et en matière de lutte contre la mauvaise gouvernance qui coûte elle aussi à notre pays deux points de croissance, soit un manque de création d'emplois de l'ordre de plus de 60.000 postes, à raison de 16.000 postes par point de croissance». A propos de la récupération des avoirs spoliés par Ben Ali et son clan et déplacés à l'étranger, le ministre a annoncé que «les tribunaux suisses ont accepté les requêtes déposées par la Tunisie qui bénéficiera de la possibilité de prendre connaissance des dossiers découverts par la justice suisse impliquant le président déchu et pourra, en conséquence, préparer ses arguments et exiger que les avoirs découverts lui soient restitués». Les participants à la journée d'étude ont eu droit à trois communications proposées par trois spécialistes. La première intitulée : «La gouvernance et la lutte contre la malversation: les concepts, les principes et les mécanismes» donnée par le Pr Karim Ben Kahla, directeur de l'Institut supérieur de comptabilité et d'administration des entreprises, a essayé de simplifier au maximum le concept de la gouvernance qui permet «de promouvoir la confiance entre les partenaires en la vie politique, d'éviter l'émergence de la mentalité opportuniste et de la mauvaise gestion, de rationaliser le choix des responsables, de contrôler leur rendement et de faire en sorte que les fautes commises auparavant ne se reproduisent pas». Le Pr Ben Kahla se pose, d'autre part, la question suivante: «Sommes-nous devenus plus sensibles à la question de la malversation, de manière à ce que nous soyons enclins à la dénoncer ouvertement et même quotidiennement». Quant à Anouar Moalla, expert en communication et formateur auprès du Centre Ifeda pour les associations, il considère que «la corruption est avant tout un problème de mentalités et que les associations sont appelées à balayer devant leur porte avant de s'attaquer à la lutte contre la malversation». Le conférencier estime que plusieurs parmi les nouvelles associations qui ont investi le paysage associatif national après la révolution «multiplient les casquettes et mélangent les genres, de manière à susciter les doutes sur le bien-fondé de leur action». Anouar Moâlla a appelé les représentants des associations à mettre en oeuvre des stratégies de communication, «chacune selon les possibilités qui lui sont offerts, en vue de maintenir permanente la mobilisation contre la malversation et de faire en sorte que la société civile soit constamment vigilante afin que les errements du passé ne se reproduisent plus». Troisième et dernière conférencier, Taoufik Chammari, président du réseau tunisien de lutte contre la malversation, a, notamment, insisté sur le défit de communication au sein du tissu associatif appelant «à la mise en place d'un programme de communication au sein des associations afin qu'elles soient au fait des actions qui ont été déjà entreprises en matière de lutte contre la malversation et de la multiplication des commissions dont nous attendons toujours les résultats». Il est à préciser que les services relevant du ministre chargé de la Réforme administrative ont créé un site électronique www.anticorruption-idara.gov.tn ouvert à tous ceux qui désirent rendre compte des cas de malversation administrative ou de dépassements commis dans les administrations ou établissements publics. Ceux qui transmettront au site indiqué les données en question sont assurés que le ministère préservera leur anonymat.