La grève générale annoncée le 23 mai dernier par l'Union régionale de l'Ugtt du Kef et annulée in extremis avec l'accord intervenu entre le gouvernement et l'instance syndicale n'a pas eu lieu au Kef, mais elle a été suivie à Kalaât Senan où toute l'activité économique et sociale a été totalement paralysée. Les habitants de cette ville frontalière ont estimé que les accords conclus entre le gouvernement et l'Ugtt ont épargné Kalaât Senan, notamment en ce qui concerne la réactivation de la mine d'extraction de Baratine de Boujaber et la mine de Hmaïm dont l'ouverture a été annoncée à plusieurs reprises mais qui a été retardée pour des raisons de financement. De nombreux autres commerces n'ont pas également ouvert leurs portes, le matin, n'étant pas informés de l'annulation de la grève, nous a confié un vendeur de journaux qui a avoué avoir ouvert son kiosque un peu tard dans la matinée. Les accords passés avec le gouvernement autorisent un certain espoir au sujet de l'amélioration de la situation de l'emploi dans la région, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre du projet d'extraction et de traitement du phosphate à partir du gisement de Sra Ouertène qui devrait générer, lors de sa vitesse de croisière, quelque deux mille postes d'emploi, selon les estimations des experts. La réhabilitation des deux mines de Bougrine et de Kalaâ Khasba pourrait également générer plusieurs postes d'emploi dans la mesure où le traitement des déchets des deux mines nécessite une longue opération et beaucoup d'employés. Le gouvernement s'est également engagé à ouvrir deux enquêtes au sujet de la concession des deux usine de Abida pour la fabrication de conserves alimentaires et la Sakmo pour la fabrication de moteurs thermiques qui, selon certains syndicalistes, auraient été bradées et ont donné lieu à plusieurs licenciements et à la fermeture provisoire de l'usine de la Sakmo, avec sa reconversion partielle en usine de fabrication de batteries pour automobile. Les accords conclus dimanche portent aussi sur la régularisation de la situation des travailleurs de chantiers et l'accélération des opérations d'apurement foncier des deux zones industrielles de Sakiet Sidi Youssef et du Sers en vue de mener leurs travaux d'aménagement dans les meilleurs délais, d'autant que le gouvernement avait promis en février, par la voix du ministre de l'Industrie, Mohamed Lamine Chakhari, que les travaux devraient démarrer en principe dans un délai maximum de trois mois depuis la date d'annonce des projets, ce que la population a considéré comme un manquement moral aux engagements pris à ce sujet. En tout cas, le calme est revenu dans la région, même si des actions sporadiques de sit-in ou de grèves ont été observées dans certaines régions, en particulier au Sers où les diplômés de l'université ont engagé une grève de la faim pour protester contre la poursuite de leur chômage et l'absence de solutions appropriées pour l'avenir proche. Ils ont promis d'aller encore plus loin dans leur mouvement de protestation jusqu'à obtenir gain de cause. En attendant, c'est la campagne de moisson des grandes cultures qui focalise l'attention. Elle sera bonne cette année et les professionnels se plaignent d'un manque flagrant de main-d'œuvre. Incroyable mais vrai !