C'est à la veille de son entrée sous la Coupole de L'Académie française, et en présence d'une prestigieuse assemblée d'académiciens, bien sûr, mais aussi d'écrivains, d'éditeurs et d'amis, que l'on remettait mercredi, à Amin Malouf son épée d'Immortel. Offerte, selon la tradition, par un aréopage d'amis, à qui l'on décerne le joli nom de «Comité de l'épée», celle-ci avait été réalisée par Arthus Bertrand et portait, gravé en arabe, un vers du poète, écrivain et journaliste que fut le père d'Amin Malouf. C'est Jean D'Ormesson que l'on a choisi pour officier en cette symbolique cérémonie et il le fit avec son brio habituel, l'humour se mêlant à l'érudition Amin Malouf succèdera, sous la Coupole, à Claude Lévi Strauss, et Jean D'Ormesson s'est attaché à souligner la légitimité de cette filiation. Claude Levi-Strauss avait changé le regard du monde vis-à-vis des peuples qu'il avait découverts et appris à connaître. Amin Malouf, avec ses «Croisades vues par les Arabes», sa parfaite maîtrise du français et de l'arabe, sa biculture et son mode de pensée bilingue, a permis, lui aussi, d'une certaine façon, de changer la vision de l'Occident vis-à-vis du monde arabe. C'est ce que s'est plu à souligner Jean D'Ormesson qui rappelait, au passage, ce qu'il avait en commun avec Amin Malouf : tous deux écrivains, tous deux journalistes, et tous deux...libanais. Ce qui permit de découvrir que D'Ormesson, grand ami du Liban, avait eu le plaisir de recevoir un passeport libanais en geste de courtoisie. Le nouvel académicien remercia, bien sûr, tous ceux qui étaient venus le soutenir et l'honorer : Hélène Carrère D'Encausse, Secrétaire Perpétuel à l'Académie, Simone Weil, et surtout Madame Claude Lévi-Strauss qui l'avait reçu et lui avait offert l'accès au bureau et aux archives de son époux. C'est, d'ailleurs, ainsi qu'il découvrit un ouvrage d'entretiens, peu connu, qui lui permit d'approcher au plus près, la personnalité de celui auquel il allait succéder. C'est le lendemain, jeudi dernier, sous la Coupole, que Jean Christophe Ruffin allait accueillir Amin Malouf et évoquer son parcours et son œuvre, alors que Malouf, lui, rendait hommage à Claude Lévi-Strauss. Petite nouvelle inédite : la Banque centrale du Liban a annoncé, le même jour, qu'elle battrait une nouvelle monnaie à l'occasion de l'entrée d'Amin Malouf à l'Académie française.