Le ministère des Affaires religieuses ne permettra plus à l'avenir à cheikh Houcine Labidi, président du Comité scientifique de la mosquée Zitouna, de pratiquer l'imamat ni à la Zitouna ni dans d'autres mosquées, après ses déclarations qualifiées d'«inadmissibles» et d'«inacceptables» lors de la dernière prière du vendredi hier. Le conseiller politique et responsable de l'information au ministère des Affaires religieuses Ali Lafi, a déclaré vendredi à la TAP que l'appel de cheikh Houcine Labidi, lors de son prêche, à tuer les artistes plasticiens, qu'il accuse de porter atteinte au sacré, est «inadmissible» et «irresponsable». Il doit en assurer la responsabilité devant la justice, a-t-il averti, soulignant la gravité des propos de Houcine Labidi en cette phase transitoire délicate que vit le pays. Il a précisé que Houcine Labidi n'occupe pas, en fait, le poste d'imam à la mosquée Zitouna, mais qu'il a assuré le prêche du vendredi à plusieurs reprises à la suite du retour de l'enseignement zitounien, en application d'une décision judiciaire prononcée en faveur du Comité scientifique de la mosquée Zitouna présidé par Labidi. «Le ministère des Affaires religieuses s'est montré auparavant souple face à plusieurs situations dans les mosquées et compte tenu de la situation de transition que connaît le pays». A l'avenir, prévient Ali Lafi, et en concertation avec les ministères concernés, en particulier de l'Intérieur et de la Justice, il ne sera plus permis à quiconque de pratiquer l'imamat sans être désigné officiellement par le ministère des Affaires religieuses à qui seul revient la décision de désigner les cadres religieux dans les mosquées. Dans une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, Houcine Labidi accuse des artistes d'avoir porté atteinte au sacré dans une allusion aux tableaux exposés dans le cadre du festival du «Printemps des arts» au palais El Abdellia à La Marsa, qui a suscité cette semaine une grande polémique. Il appelle au meurtre de ces artistes qu'il a qualifiés de «mécréants». Lors d'une rencontre, organisée vendredi à Tunis, les plasticiens ont nié, projection sur grand écran à l'appui, l'existence de tableaux qui portent atteinte au sacré au palais El Abdellia. Ils affirment que les tableaux incriminés diffusés sur les réseaux sociaux n'ont jamais été exposés à El Abdellia et que ceux qui ont orchestré cette mise en scène cherchaient à semer la discorde et la sédition et à dresser les gens contre les artistes.